Cette année l’exposition des artistes candidat.es au Prix du Hainaut des Arts plastiques s’est installé aux cimaises du Centre de la Gravure et de l’Image imprimée à La Louvière.
Jusqu’au 23.11.2025, les espaces d’expositions sont partagés avec les candidat.es au Prix de la Gravure et de l’Image imprimée de la Fédération Wallonie-Bruxelles afin de proposer deux expositions qui mettent en évidence les pratiques émergentes.
Parmi les dossiers reçus, le jury a sélectionné 7 artistes pour l’exposition. Cette sélection aborde tous les domaines de l’expression artistique. Le lauréat 2025 a été proclamé le vendredi 17 octobre à 19h. Il recevra une somme de 2500 euros qui l’aidera à développer sa pratique et bénéficiera d’un suivi particulier de la part de l’équipe du Secteur des Arts plastiques de la Province de Hainaut.
Pour le Secteur des Arts plastiques organisateur, il ne s’agit pas seulement de la remise d’un prix. En effet, ce projet émane d’une volonté de faire découvrir des pratiques artistiques et de partager ces recherches autant avec un public de professionnels du monde de l’art qu’avec toutes personnes curieuses de culture. À la suite de chacun des projets, ce sont des collaborations qui naissent entre ces artistes et les institutions culturelles avec la possibilité, pour elleux, d’être accompagné.es, de créer de nouvelles oeuvres et d’échanger. C’est la raison pour laquelle, il est important également de leur ouvrir les portes des institutions du territoire qui s’efforcent au quotidien de valoriser les arts plastiques. Le Centre de la Gravure et de l’Image imprimée fait partie de ces lieux incontournables qui ont à coeur de promouvoir la création.

Vue de l’exposition collective du Prix du Hainaut des Arts plastiques 2025 ©AndySimonStudio
Lauréat du Prix du Hainaut des Arts plastiques 2025
Marius Martinot
Paris (FR), 1997
@marius.martinot
Gravure, École Estienne, Paris (FR)
Peinture, Académie royale des Beaux-Arts, Bruxelles
R24, TAMAT, Tournai, 2025
The end of the beginning, Académie des Beaux-Arts, Bruxelles, 2022
Reliquaire pigeon, velours, bois, fil, miroirs, silicone, LED, 102 × 25,5 × 25,5 cm, 2024
©AndySimonStudio

Marius Martinot, Retable, cadres, photographies, bois, sangles, porcelaine, 93 × 132 × 22 cm, 2024 ©AndySimonStudio
L’artiste traite à travers ses propositions de l’absence. Ses œuvres demandent souvent un regard attentif pour se révéler ou un retournement pour qu’une image apparaisse. Son retable inversé propose une série de cadres retournés. Les dessins encadrés ne nous sont plus accessibles. Il ne suffit plus d’ouvrir les volets pour que se révèle une imagerie. C’est dans nos têtes, sur nos peaux que s’impriment nos croyances et ce sera au, à la spectateur.trice de créer son propre culte. Le travail de Marius Martinot fait souvent référence à l’art religieux et aux peintres anciens. Ainsi son paysage évoque le sfumato d’un Léonard De Vinci. L’effet de profondeur que provoque cette technique donne au paysage encore ici un aspect divin. Son socle blanc abrite une relique contemporaine rétroéclairée. Il ne s’agit pas de la colombe immaculée mais d’un pigeon mort sur nos trottoirs urbains.
Centre de Documentation Ambigu(ë), Lauriane Belin
Chaque année, le Secteur des Arts plastiques soutient le.la lauréat.e en réalisant pour elleux un projet éditorial. Lauriane Belin a reçu le Prix du Hainaut des Arts plastiques en 2022. Le Centre de Documentation Ambigu.ë qu’elle a créé est né lors d’une résidence d’un an à TAMAT, Tournai. Celui-ci recense les possibles dérives de 49 mots issus du champ lexical du textile. La volonté première de cette édition rétrospective est de tisser du lien
entre le monde du fil et le monde tout court. L’édition, sous forme d’un boitier en carton rempli de fiches s’assimile au tote bag que l’on reçoit lors de conférences ou de visites de centre de recherches. Cette édition est distribuée sous forme de tombola durant toute la durée de l’exposition du Prix du Hainaut des Arts plastiques.

Lauriane Belin, Le Centre de Documentation Ambiguë, édition d’artiste, tote bag, crayon, madeleine, fiches en papier bristol, 100 ex., 2025 ©AndySimonStudio
Les 6 artistes candidats
Fanny Alet
Villefranche-de-Rouergue, (FR) 1993
@fannyalet
www.behance.net/fannyalet
Théâtre et Arts de la parole /Art de la marionnette, Arts2, Mons
Arts numériques, Académie des Beaux-Arts, Tournai
Le poids des petites choses, Galerie Du Lapin Perdu, Tournai, 2025
Fête du Printemps – Collectif Garage thématique de l’amour, Metallu A Chahuter, Lille (FR), 2025
Jésus et Marie sont dans l’escalier – Collectif Garage, Le magasin de papier, Mons, 2024

Fanny Alet, Sage, ongles en papier mâché trempé dans la cire, bras cousus en velours rembourré de ouatine, 100 x 10 cm, 2025 ©Chloé Jacquart

Vue d’ensemble sur le travail de Fanny Alet ©AndySimonStudio
Il n’est pas étonnant qu’une baguette magique ait trouvé place dans le kit de beauté pour petite fille créé par l’artiste Fanny Alet tant ses objets ont le pouvoir de nous transporter dans l’intimité rose poudré d’une chambre d’enfant. Dans ce refuge, on rêvait d’histoires de princesses et on se berçait d’illusions. Mais très vite, à la vue de ces objets, le miroir aux alouettes se fissure, une tension se révèle. La surface lisse de ces artefacts façonnés en papier mâché, trempés dans la cire et poncés suggère tantôt la douceur fragile du temps passé tantôt la gravité froide de la pierre tels des ex-voto d’un imaginaire genré. Avec cette installation faussement ingénue, Fanny Alet questionne, décale et permet à celui qui le désire de proposer une nouvelle narration aux symboles féminins.
Sarah Bonami
Seneffe, 2002
@sarahmasse_des_jonquilles
Sculpture, Arts2, Mons
Sous tension, Le Vecteur, Charleroi, 2025
Volume 6, Quai de l’entrepot, Ath, 2024
Full sentimental, Maison des Arts de Schaerbeek, 2024

Chez Sarah Bonami, les tissus se font abris occultant ou dés-occultant les formes des corps qu’ils recouvrent. C’est le mouvement qui transforme ces drapés en lieux sécurisant pour la peau. La danse, qui met en action ses sculptures, prend une place importante dans le travail de la jeune artiste. Elle insuffle liberté et respiration et donne au vêtement un rôle de protection. Plus loin dans l’espace d’exposition, une fois immobiles, ces sculptures évoquent les éléments de la flore et invitent à la balade, à la rêverie. Le paysage à traverser propose alors un environnement dans les salles. Des éléments d’une nature sortis de terre que la plasticienne propose de contempler comme on observe son jardin intérieur.
Bertille Haye
Abbeville (FR), 2001
@pilky
Dessin, Académie des Beaux-Arts, Tournai, 2025
Continuité des fins, Académie des Beaux-Arts, Tournai, 2025

Bertille Haye, À bientôt, broderie sur pull, cintre, porte-manteau, taille indéterminable, 2025 ©AndySimonStudio
Afin de révéler les peaux disparues, Bertille Haye fait référence au textile dans sa pratique. En manque du toucher, ce sens fondamental qui implique la chair, la plasticienne brode sur des vêtements, imite le crochet, file avec son crayon graphite. À la fois, elle permet aux corps révolus de renaître ou de s’effacer à jamais. Sur des tablettes qui évoquent les tables de nuit, ce sont les photos d’une famille qui se découpent pour rejoindre le monde des rêves. Au porte-manteau, c’est sur le pull d’un défunt que l’artiste inscrit les mots qui annoncent une prochaine rencontre. Pour nous rassurer, elle dessine des silhouettes, sans regards, qui comme venues d’ailleurs semblent porteurs d’un message.
Raphaëlle Ilić
Charleroi, 1999
@eteralism
Gravure, Arts2, Mons
Exposition de fin d’année, Quai Rimbaud, Charleroi, 2023

Raphaëlle Ilić, Gravure, pointe sèche, 80 cm x 60 cm, 2024 ©AndySimonStudio
Avec Raphaëlle Ilić, il est question d’intuition. Elle fait confiance à ses mains qui se meuvent sur le support et se laissent surprendre par le résultat. Au départ de ces traces, ces taches, ces anomalies, elle fait apparaitre des formes qui peu à peu se changent en images. Alors, dans un jeu d’apparitions et d’effacements, une nomenclature de lignes, de signes, de symboles, d’éléments architecturaux de silhouettes humaines et animales surgit aux yeux de celui, de celle qui prend le temps d’observer. En peinture ou en gravure, l’artiste compose les éléments d’une poésie violente et nous invite à construire notre propre récit, un conte brumeux, un rêve en dégradé de gris.
Anaïs Lecompt
Boussu, 2002
@anaislecompt
Dessin, Académie des Beaux-Arts, Tournai
Autant attendre que tout soit blanc, exposition collective, Tournai, 2024
Art et saveur, l’Abbaye de Saint-Denis, Mons, 2023

Anaïs Lecompt, L’essentiel, broderies, tissus appartenant à ma grand-mère, papier noir, 16 x 21 cm, 2025 ©AndySimonStudio
Il existe pour chacun un refuge, un cocon à l’abri des tumultes, où le temps semble suspendu. Même vide de ses habitants, il suffit d’une odeur, d’un bruit familier, d’un regard sur le papier peint jauni d’une chambre à coucher, d’une image restée là, d’un morceau de carrelage cassé, d’un rayon de lumière qui renait chaque jour, pour que ce lieu de vie se remette à s’agiter, à se remplir de ses occupant.es passé.es. Grâce à ses créations, Anaïs Lecompt se reconnecte avec la maison de ses grands-parents et voyage dans le temps. Avec minutie et délicatesse, en dessin ou en broderie, elle offre aux petites choses de ce quotidien révolu une place nouvelle : celle d’œuvres à observer.
Şengül Özdemir
La Louvière, 1996
@shen.ozdemir
Sculpture, Arts2, Mons
Carnavalo en Nef des Marges dans l’ombre des certitudes, Performance Lügül, Centre Wallonie Bruxelles, Paris (FR), 2025
Nossas cinzas iridescentes, Casa da Escada Colorida, Rio de Janeiro (BR), 2025
Fiesta – Espace Pignon, lille3000, Lille (FR), 2025
Any Ways The Wind Blow, C-Mine, Gand, 2024

Şengül Özdemir, Lügül, personnage du Karnavalo, costume en tissus divers ©AndySimonStudio
Lügül, ce personnage costumé pensé et réalisé par l’artiste surgit de son univers imaginaire construit de couleurs vives. Sa présence aux cimaises, avec son masque en strass, ses gants, sa bannière et sa coiffe, nous plonge dans le Karnavalo, carnaval qui défie les normes du folklore et pensé par la plasticienne depuis les prémices de ses recherches artistiques. Il s’agit ici d’un habit porté pour un rite de passage. Chacun.e d’entre nous pourrait l’enfiler et devenir cet.te autre surgissant d’un rêve, d’un monde utopique dans lequel chacun.e aurait une
place. Ses personnages lumineux incarnent cette célébration d’un monde idéalisé. À travers ce projet, Şengül Özdemir propose un état de fête comme un souffle neuf et d’espoir. Comme l’a fait l’artiste, c’est maintenant à nous de le vêtir et de rejoindre cette joyeuse cérémonie.
En marge de l’exposition
Une animation est prévue le 16.11. Elle sera proposée par l’artiste Fanny Allet.
Entre de plein pied dans l’univers fantasmagorique de Fanny Alet. Dans cet atelier, trois matériaux seront explorés :
le velouté du tissu, la malléabilité du papier mâché et la cire qui vient en adoucir et en polir l’aspect brut. Les participants créeront des objets hybrides à partir de quelques formes, entre artefacts symboliques et petites sculptures. Réunis, ces éléments formeront des nouveaux ensembles qui dialoguent et racontent de nouvelles histoires. Alors, prêt à vivre un rêve éveillé ?

Le dimanche 16 novembre de 14h à 16h30
De 10 à 16 ans
Max. 15 participants
Réservations obligatoires 064/27.87.27
edu@centredelagravure.be
Gratuit
INFOS
Exposition du 18 octobre au 23 novembre 2025
Centre de la Gravure et de l’Image imprimée
Rue des Amours, 10
7100 La Louvière
Du mardi au dimanche de 10h à 18h
www.centredelagravure.be
Tel: 064/ 27 87 27
Mail: accueil@centredelagravure.be
Insta : centre_de_la_gravure
Facebook : Centredelagravure


