Le dernier départ c’est le temps de la séparation, la séparation c’est le temps du chagrin, le chagrin c’est le temps des larmes. Mais les larmes sont aujourd’hui obscènes dans une société nécrophobe où le comble de l’indécence c’est de s’abandonner en public à la douleur causée par la disparition d’un être cher. Est venu le temps de la cérémonie sans cérémonial, du deuil édulcoré jusqu’à l’absence. Pénétrons donc, à reculons, dans l’empire du pathos, où résonnent encore les soupirs muets des pleureuses à l’antique, où les désespoirs théâtralisés et les adieux emphatiques se prolongent indéfiniment dans le charme trouble des épouses et des amantes, des fiancées et des fillettes effondrées sur les dalles funéraires. Le cimetière est, sous toutes les latitudes, un musée en plein air de la douleur théâtralisée.
(André Chabot – La Mémoire Nécropolitaine)
(c) André Chabot
Spécialiste des cimetières et de l’art funéraire, André Chabot est photographe, artiste, journaliste, concepteur de monuments funéraires et cinéraires. Avec Anne, sa femme, ils voyagent dans le monde entier pour photographier des tombes remarquables. Leur inventaire compte plus de 250.000 photographies noir et blanc. Élaborées aux quatre coins du monde, ces archives en perpétuel développement permettent de visiter une sorte de vaste nécropole mondiale où l’on pourra s’attarder devant les tombes les plus humbles et les plus émouvantes comme devant les mausolées les plus grandioses et les plus spectaculaires.
Les photographies d’André Chabot seront exposées dans l’espace multiphilosophique, œuvre architecturale signée Jacques Desablens.
Vernissage le 28 septembre à 15h suivi d’une balade dans le périmètre historique (où sont exposées des couronnes d’artistes) et de la morgue – conservatoire du patrimoine funéraire.
Une initiative de la Commission des cimetières de Tournai dans le cadre du festival arts dans la ville
