Le MUMASK, repère universel d’une humanité masquée

15/09/2025

Depuis juin 2025, le MUMASK – Musée du Masque et du Carnaval, héritier de l’ancien Musée international du Carnaval et du Masque, n’en finit plus d’étonner le public autour d’une exposition permanente brillamment repensée. Baptisé Regards sur les collections, son nouveau parcours permanent a nécessité huit mois de travaux de rénovation. Il ne s’agit pas d’une simple mise à jour cosmétique, mais bien d’une profonde métamorphose scénographique grâce à laquelle le musée propose désormais au visiteur de pénétrer dans un univers de sons, de matières et de pensées. En y cheminant, on y observe combien le masque est un objet souverain et à quel point il reste un miroir de nos sociétés.

Nous voulions offrir aux visiteurs une expérience où le masque n’est pas seulement un objet figé derrière une vitrine, mais un vecteur d’émotions, de sons, de gestes et de récits, explique Clémence Mathieu, directrice du MUMASK.

Son propos résume bien l’ambition de l’équipe : faire du musée un espace vivant, accessible à tous, un lieu où la curiosité se nourrit de l’émerveillement et où les traditions masquées s’incarnent simplement.

Une scénographie plus universelle et sensorielle

La nouveauté fondamentale de Regards sur les collections réside dans la proposition d’une scénographie plus universelle, plus inclusive, plus rassembleuse. Alors que les collections étaient jusqu’à présent présentées selon un découpage territorial – par continent ou par aire culturelle – l’exposition adopte désormais une grille de lecture thématique moins ethnocentrée. Cinq grands axes se succèdent sur le parcours : la relation à la nature, les cycles de la vie et de la mort, les intercessions, guérisons et manifestations surnaturelles, les usages théâtraux et carnavalesques, et enfin les masques du quotidien. Une approche qui transcende les frontières pour montrer ce qui unit bien plus que plus que ce qui divise.

Grâce à ce choix, un masque africain invoquant la pluie peut dialoguer avec un masque japonais du théâtre nô, un masque funéraire d’Amérique latine ou une caricature de carnaval européen. Ces rapprochements révèlent des résonances liées à notre humanité comme la peur de la mort, le besoin de comprendre la nature, la volonté de rire ou de se libérer des contraintes sociales. Un éclairage très soigné souligne une sélection particulièrement juste de pièces plus intéressantes et esthétiquement attractives les unes que les autres.

La mise en scène proposée rend plus palpable cette universalité du masque par le truchement d’une série d’installations interactives et sensorielles. Dans Dans leurs yeux, par exemple, le visiteur enfile un masque sarde et se retrouve projeté au cœur des rues de Mamoiada, entre chants et danses ancestrales. Plus loin, Entrez en résonance fait vibrer le corps au rythme des mascarades grâce à une capsule sensorielle utilisant la conduction osseuse. Rentrez dans la transe propose, en posant simplement ses coudes sur des bornes audio, d’écouter des musiques rituelles du Gabon, du Maroc ou du Laos. Dans une autre salle, un demi-masque virtuel vient se superposer au visage du spectateur, le transformant en personnage de la Commedia dell’arte. L’expérience est nommée Souriez, vous êtes masqués !

Outre ces dispositifs immersifs, d’autres outils inclusifs traduisent la volonté du musée d’élargir son public et de rendre l’expérience accessible aux enfants comme aux personnes en situation de handicap : ce sont des espaces tactiles, des interviews vidéo, des cartels ludiques, une plaque en relief ou encore un arbre à loques.

Par la diversité de ces dispositifs, Regards sur les collections transforme la visite en une expérience active et sensorielle, pensée pour s’adresser à chacun, dans une volonté affirmée d’accessibilité, d’inclusion et de transmission sensible, insiste Clémence Mathieu.

Des trésors révélés

L’exposition est aussi l’occasion de sortir des réserves certaines pièces rarement montrées ou de présenter le fruit de nouveaux projets de recherches. Parmi elles, des masques cherokees acquis en 2024 auprès des artistes Billy Welch et Joshua Adams, qui témoignent d’une politique d’acquisition plus éthique et transparente. Chemin faisant, on découvre un masque de divinité de la pluie, rappelant les forces invoquées dans les rites agraires, ou bien encore un somptueux masque d’Okina du théâtre nô japonais, figure de sagesse et de continuité des cycles de vie. Les visiteurs peuvent également admirer des masques grotesques de la Commedia dell’arte, véritables icônes de la satire, et un masque de clown du XXᵉ siècle, qui illustre l’entrée du masque dans la culture populaire moderne.

Un très beau catalogue, richement documenté est paru depuis peu, célébrant les 50 ans du Musée. Il offre lui aussi un regard différent sur ce trésor qu’est la collection, en détaillant une sélection de pièces remarquables. La collection du MUMASK compte aujourd’hui environ 30 000 pièces, soit 13 000 numéros d’inventaire ! Elle rassemble des masques, costumes, marionnettes, instruments de musique, affiches, photographies et documents multimédias. Certains ensembles sont très anciens et proviennent du monde entier. Même l’Amérique précolombienne y est représentée.

Nos collections comptent quatorze masques préhispaniques. Jamais étudiées, publiées ni prêtées, et présentées jusqu’alors de façon plutôt discrète au sein de nos expositions, ces pièces, dont la moitié appartiennent à la Fédération Wallonie-Bruxelles, commencent néanmoins depuis quelques années à attirer l’attention de spécialistes qui tentent de revaloriser les artefacts possédant une trajectoire floue et qui se questionnent sur la légitimité de la présence de certains objets dans nos musées.

Lancé en 2022 grâce à l’aide financière de la Commission européenne via IPERION HS, un consortium de 24 partenaires issus de 23 pays européens, le projet ReMixis s’est focalisé sur l’étude du masque mixtèque de cette collection (APC 196), un masque appartenant à la Fédération Wallonie-Bruxelles et mis en dépôt au MUMASK depuis 1986.

Un musée soutenu et reconnu

Si le MUMASK peut se réinventer aujourd’hui, c’est grâce à un solide réseau de soutiens. Pour l’exposition qui marque les 50 années de son existence, l’institution a bénéficié de l’appui financier de la Fédération Wallonie-Bruxelles, de la Région wallonne, de la Province de Hainaut et de la Ville de Binche, ainsi que de partenaires comme la Loterie Nationale ou ST’ART Invest.

Depuis sa fondation, le musée s’est distingué par une approche originale : étudier sur un même plan les carnavals et les pratiques masquées du monde entier. En devenant récemment le MUMASK, contraction de “musée” et “mask”, une appellation plus punchy, l’institution affirme son ambition d’être « un musée vivant, ouvert et ancré dans son temps ». Sa nouvelle identité graphique, retranscrite dans son nouveau site internet et ses outils de communication est animée de lignes dynamiques aux couleurs vives pour traduire une émotion et un souffle de jeunesse.

Une saison dense pour questionner le monde

Après avoir vibré tout l’été au rythme de stages et animations et des Journées du Patrimoine, de nouvelles occasions se profilent afin de découvrir autrement le musée, avec des visites et des ateliers particuliers. La nocturne Monte le son, programmée le 25 septembre, plongera les visiteurs dans une ambiance festive. L’automne amènera d’autres rendez-vous comme La nuit de l’obscurité, le 11 octobre. Du 27 au 31 octobre, place au stage Même pas peur ! pour les enfants de 6 à 12 ans.

 

Avec Regards sur les collections, le MUMASK propose donc une nouvelle manière de regarder le monde. Ici, les masques ne sont pas de simples objets ethnographiques ou folkloriques. Ils apparaissent comme des repères, des lieux de passages qui questionnent notre rapport au vivant, au sacré et au social. Chaque salle invite à franchir une frontière, à sentir la puissance symbolique d’objets qui, depuis des siècles, accompagnent l’humanité dans ses fêtes, ses deuils, ses rêves et ses révoltes.

Binche, déjà mondialement connue pour son carnaval qui s’érige en Patrimoine immatériel de l’Humanité, offre désormais au public un musée renouvelé, où tradition et innovation se conjuguent pour raconter une histoire universelle. Le MUMASK s’impose ainsi comme un lieu unique en Europe : ni cabinet de curiosités, ni musée folklorique, mais un espace sensible, inclusif et ouvert, où le masque s’anime pour que l’humanité se regarde à travers lui.

Infos

Pour ne manquer aucun des rendez-vous proposés par le musée, rendez-vous sur son site internet MUMASK.

Vous pouvez aussi suivre son actualité via les réseaux sociaux, Facebook et Instagram.

MUMASK, Musée du masque et du carnaval

Rue Saint-Moustier, 10

7130 Binche

info@mumask.be

+32 64.33.57.41

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