« Sorcière et Chanoir », premier livre de Marina Philippart

31/01/2023

Rencontrer Sorcière et Chanoir c’est entreprendre l’exploration d’un monde extraordinaire et pourtant rassurant et familier dans lequel la poésie jaillit tant des mots que des images. Pour son premier livre, Marina Philippart accomplit la jolie prouesse, d’enfanter un objet qui nous emporte aussi bien grâce à ses illustrations toutes rondes et douces, que par l’épopée qu’elle nous convie à vivre au fil des mots.

Nous y faisons tout d’abord la connaissance d’une petite sorcière qui, rassurez-vous, n’a rien d’effrayant. Elle est un personnage anthropomorphe et sage, une sorte de druidesse intemporelle aux pouvoirs finalement assez limités puisqu’elle ne sait pas comment nager mais qu’elle distille de délicieuses tisanes. En cheminant dans son train-train quotidien, cette drôle de créature est bientôt rejointe par un petit chat bien triste d’être rejeté par ses voisins. De ce tête-à-tête inattendu découleront d’autres rencontres et péripéties qui prendront finalement la tournure d’un voyage initiatique pour nos petits héros.

Nous avons tout récemment rencontré l’autrice de ce très beau livre, au Centre de la Gravure et de l’Image imprimée où elle anime régulièrement des ateliers, et où chaque week-end elle salue le public derrière le comptoir d’accueil du musée. Jusqu’au 12 mars prochain le Centre met à l’honneur sa création, en en présentant les planches originales, au sein d’une vitrine entièrement scénographiée par elle pour cette occasion. Plantes et champignons, mignons chatons et petites silhouettes colonisent les fenêtres de la Rue des Amours dans une fresque colorée et pétillante. Une impression inédite sur laquelle apparaissent ses personnages est produite et vendue à l’Art shop du CGII. C’est un écrin à la hauteur de tout le travail accompli par Marina pour donner vie à ce beau projet qu’elle nourrit depuis longtemps déjà.

« Je suis une grande fan de littérature jeunesse, je lis depuis longtemps des livres pour enfants, et comme je suis devenue maman j’ai le bonheur de partager aujourd’hui cette passion avec mes petits. Ils sont d’ailleurs devenus mes deux conseillers, au fil du temps, puisque je leur demande toujours leur avis sur ce que je produis. J’ai pour habitude de leur soumettre mes dessins et également de leur lire les histoires que j’invente et en fonction de leurs réactions, je vois comment je capte leur attention. Lire des histoires, c’est aussi la première chose que je fais quand je commence un atelier avec un groupe, c’est une manière merveilleuse pour se mettre en condition et faire connaissance« .

« Il y a quelque chose dans les livres pour enfants

qui nous redonne la liberté de quand on était petits ».

Kerry Reichs

 

« J’ai un parcours un peu atypique je pense. Aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours dessiné, pas sur des carnets de manière nomade, mais plutôt dans l’intimité de mon environnement familial. C’est de cette manière que je continue à créer d’ailleurs. Je n’ai pas suivi la filière artistique durant mes secondaires et en sortant de 6ème année, j’ai pris une année sabbatique. J’avais très envie de de partir et je me suis envolée vers la Nouvelle Zélande. J’y ai rencontré des lieux magnifiques, et c’est notamment là-bas que j’ai pu observer des vers luisants et que j’ai entendu parler de grottes aux parois scintillantes qui m’ont inspirée pour Sorcière et Chanoir » nous confie Marina.

(c) Laboîteverte.fr

De retour en Europe, elle passe le concours d’entrée à La Cambre, où elle est reçue dans l’atelier de Bernard Lorge. Durant ses études, elle est également initiée aux techniques de gravure, et d’illustration et c’est lors de son stage chez Pascal Lemaître que la plasticienne découvre le travail de Kitty Crowther. Elle le reçoit comme une sorte de révélation qui la pousse définitivement à s’orienter vers l’illustration.

Marina Philippart est une infatigable travailleuse de la culture, par nécessité sans doute mais aussi par passion. Depuis son adolescence, c’est une graine d’artiste et une animatrice hors pair. Après avoir été jeune cheffe scout, elle anime des ateliers artistiques à Bruxelles pour de très jeunes enfants. Une fois revenue vivre dans la région du Centre, son cursus bouclé, elle continue l’animation pour des Centres culturels (en tant qu’Article 60 ou animatrice vacataire) et elle rencontre également l’équipe du Centre de la Gravure . En ce moment elle propose d’ailleurs un samedi par mois l’atelier « Si on créait », au sein de la bibliothèque « La Ribambelle des Mots« . Il s’agit d’un magnifique projet qui unit des enfants du SAI l’Olivier à d’autres petits lecteurs. Ces ateliers organisés par la Province de Hainaut sont entièrement gratuits !

(c) Marina Philippart

Elle a déjà illustré la revue Kaïros pressePhiléas et Autobule (magazine pour jeunes ados) ou Dot to Dot mais « Sorcière et Chanoir » est son premier livre édité.

 » C’est un projet que je chérissais depuis longtemps. Autour de ma maternité je me suis mise à le concrétiser de plus en plus. J’avais quelques bribes d’histoire et je me suis concentrée sur les illustrations. C’est de cette manière que j’aime procéder, en partant toujours des images, puis en nourrissant mon récit. Tout est imbriqué en fait, et c’est sans doute pour cela qu’il me semble à priori plus compliqué d’illustrer une histoire composée par un autre auteur. N’étant pas encore initiée au mode de fonctionnement des maisons d’édition, j’avais réalisé un livre de A à Z au lieu d’une maquette pour Sorcière et Chanoir ! », s’amuse Marina Philippart.

Tous sur le même bateau, illustration de Marina Philippart pour Kairos Presse

Après de nombreux envois, c’est finalement « Le Diplodocus » qui a un coup de cœur pour son travail et accepte de l’éditer. Mais il faut retravailler le texte puis les illustrations et finalement c’est un peu comme si elle l’avait écrit deux fois ce livre, nous confie-t-elle. « Parfois d’ailleurs, il m’arrive de feuilleter la première ébauche : c’est un autre livre mais pas complètement différent » s’amuse-t-elle à préciser. C’est une maison française d’édition, qui publie en moyenne 7 livres par an et que l’on remercie d’avoir soutenu le talent de Marina Philippart, car la voici promise à une belle aventure !

« Ils m’ont fait confiance et j’ai appris énormément de choses grâce à leur accompagnement, aussi au niveau de ma technique que j’ai fait évoluer. Ils ont mis en avant certaines valeurs portées par mon livre, sans que j’en ai conscience, et puis ils ont modifié quelque peu le déroulement des événements vécus par mes personnages pour donner plus de fluidité à la narration ».

« Sorcière et Chanoir » c’est un conte où l’on apprend à ne jamais se fier aux apparences et aux superstitions, où la magie fait partie du quotidien et où l’on comprend que l’on a souvent, à tort, peur de ce qu’on ne connait pas. C’est aussi une traversée dans un monde sans artifices, où l’on apprivoise ses craintes immémoriales en s’ouvrant à l’autre, à sa différence. C’est un récit qui se déroule dans une enclave éloignée de toute technologie, où l’on se contente de savourer les joyaux d’une nature exubérante et généreuse. C’est peut-être simplement une allégorie de notre cruelle époque dans laquelle on découvre qu’il est précieux de venir en aide à ceux qui sont rejetés, isolés, en danger.

On s’en doute, c’est tout un monde intérieur que charrie Marina. Nous lui avons demandé de nous parler aussi des artistes qu’elle admire et qui l’inspirent.

(c) Marine Schneider

« Je suis fan du travail de Marine Schneider, qui a remporté la Pépite d’or, sorte de prix Goncourt de la littérature jeunesse, lors du dernier Festival du livre de Montreuil. Je conserve toujours beaucoup d’affection pour Kitty Crowther dont je suis une inconditionnelle. J’aime aussi énormément Emilie Seron et Charlotte Lemaire. Et puis j’adore les illustratrices japonaises comme Satoe Tone, Mogu Takahashi. Les autrices jeunesse qui m’inspirent des images et avec qui j’aimerais pouvoir un jour travailler sont  Karen Hottois et Stéphanie Demasse Pottier« .

Les prochains mois s’annoncent bien animés pour elle, car elle devra mener de front de nombreux projets, ce qui semble terriblement la réjouir.

« J’ai décroché une bourse de « Découverte » et grâce au soutien de la Fédération Wallonie Bruxelles, je suis en train de travailler à l’un de mes prochains projets de livre pour enfants. Ce sera une fois de plus une histoire où il n’y a pas forcément de morale et dans laquelle on parlera aussi de choses graves, car c’est ce que j’aime. Il y a sera notamment question d’un petit chien vivant dans un carton, d’écoliers, de forêt et de disparition. Je ne suis pas encore tout-à-fait certaine du cheminement, mais il progresse en moi. Et dès que j’ai un moment, j’installe mon atelier et je me mets à peindre et à dessiner« .

Plongez-vous dans ce livre, seul ou en compagnie d’enfants, partez à la cueillette de plantes bienfaisantes en compagnie de la petite sorcière aux yeux espiègles, chevauchez des vers luisants à l’ombre des montagnes et reposez-vous en compagnie d’une gentille horde de matous amateurs de tisanes. Vous y ferez une expérience réconfortante.

Si vous souhaitez rencontrer Marina Philippart, voici quelques occasions de la croiser :

 

Et puis vous pouvez aussi la suivre sur Instagram !

 

 

 

Daisy Vansteene, Chargée de communication pour Hainaut Culture

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