Temps de pause, une douce trêve au MILL

Voici qu’arrive l’été et ses promesses de lumière et de repos… Il annonce une rupture dans la séquence soutenue et parfois anxiogène du quotidien. Il est synonyme de départs qui régénèrent et arment chacun afin qu’il puisse faire face à l’obscurité qui reviendra quoi qu’il advienne, avec l’automne. Mais c’est d’un autre invincible été si cher à Camus, que nous avions envie de vous parler cette fois : il s’agit de celui qui fleurit jusqu’au 15 septembre prochain au MILL.

Partir sans bouger, marquer une pause, se nourrir l’âme, savourer la lenteur, c’est en effet tout ce qui vous attend au Musée Ianchelevici à La Louvière, avec la très belle proposition « Temps de pause ». Un moment construit comme une invitation à l’introspection, à la croisée des arts plastiques, de la littérature et de la méditation.

 

Le fruit de l’intelligence collective

Au départ, nous avions profondément envie, au sein de l’équipe, d’aborder la notion de bien-être, et de la partager avec le public. Le projet s’est donc construit collectivement avec ce fil rouge : la bienveillance, annonce la Commissaire et coordinatrice du musée, Céline Christiaens.

L’institution qui a dû poursuivre ses missions en l’absence d’une direction pendant plusieurs mois a souhaité faire passer au premier plan la composante humaine. Qu’ils s’agissent des agents qui animent les lieux ou des visiteurs côtoyés sur place quotidiennement, l’intention du projet était d’offrir à tous la sensation de ralentir. Cet idéal, s’est alimenté progressivement en mobilisant la petite équipe et quelques partenaires extérieurs dont le Réseau Louviérois de Lecture publique auquel collabore la Bibliothèque provinciale du Gazomètre.

Ainsi, la sélection d’œuvres, la scénographie et les animations ont été pensées avec un double objectif d’échange et d’écoute.

Nous avons d’abord essayé d’extraire au sein des collections un ensemble d’œuvres qui éveillaient en nous des sentiments positifs. La collection est riche de plus de 1200 pièces qui couvrent une période de plus de 150 ans, il n’a pas été simple de mener une sélection. De cette première liste, nous avons extrait les pièces qui avaient déjà été vues assez récemment, pour nous concentrer sur certaines œuvres parfois moins connues, mais qui incitaient à s’arrêter face à elles. précise Céline Christiaens.

Ce sont pour la plupart des portraits, vis à vis desquels le visiteur peut se projeter ou interagir, questionner son altérité, chercher à nourrir un récit, divaguer … De chaque pièce jaillit un imaginaire différent, tantôt intime, tantôt ouvert sur l’immensité du monde qui nous accueille. La scénographie varie au grés du parcours, toujours avec cet objectif de faire évoluer le visiteur dans un cocon sensoriel. Les couleurs et l’accrochage viennent adoucir le rythme de l’exploration et créent des univers contrastés toujours stimulants.

Convoquer les mots et leurs auteurs pour qu’ils dialoguent avec une collection

De la pose à la prose, il n’y a qu’une plume et nous avions envie d’entrer dans toutes les histoires qu’inspirent les créations plastiques, envie d’essayer de déchiffrer les moments d’intimités entre artistes et modèles qu’elles immortalisent. Pour ce faire, nous avions évidemment besoin des talents de conteurs et conteuses, ajoute Céline Christiaens.

Le projet est transdisciplinaire et vise à créer des ponts entre les formes d’expression artistiques. Le souhait était aussi d’une certaine manière d’incarner toute la matière picturale, tous ces objets, ces installations, photos, etc en écoutant la plume des écrivains, sans leur donner de contraintes particulières. A leur manière, ils et elles ont insufflé la vie à tous ces protagonistes qui sont habituellement figés dans l’obscurité des réserves.

Nous avons souhaité contacter des auteurs qui entretiennent une certaine forme d’intimité avec le musée. Régulièrement, nous invitons des écrivains à venir présenter ici leurs textes, au sein du musée. Ils représentent tous les genres littéraires francophones. Nous nous réunissons dans les salles avec le public, et le temps d’une soirée nous cohabitons avec les sculptures de Ianchelevici qui sont les témoins silencieux de nos échanges. Ce sont tous ces auteurs à qui nous avons proposé de choisir parmi notre pré-sélection d’œuvres, la pièce qui les attirait. L’idée étant de leur demander de produire un texte après une confrontation avec l’œuvre d’art élue par eux. La plupart ont été très enthousiastes ! témoigne Guenaël VandeVijver, Coordinateur du Réseau louviérois des Bibliothèques.

Dans cette moisson de textes, un ensemble a été produit par 6 écrivains au statut particulier. Le Réseau de lecture publique organise en effet depuis 3 ans un concours de nouvelles qui connait un réel engouement et les lauréats et présidents de jury des 3 éditions du concours ont été eux aussi invités à se prêter à ce jeu d’écriture. Quelques fragments de tous ces textes sont reproduits aux cimaises du musée et ponctuent la visite. Ils captent l’esprit du public lors de son cheminement.

Poursuivre lentement l’expérience

Le dénouement de toutes ces rencontres offre un ensemble de textes d’une incroyable diversité, allant de la pseudo autobiographie à la conversation émouvante, de l’enquête policière à la description engagée, de l’hommage poétique à l’hagiographie patoisante. Quelques pépites nous projettent de l’autre côté du vernis de la toile, comme ce trésor de petit récit déposé par Maxime Coton autour d’une œuvre simplement nommée le pinsonniste et peinte par Edgar Gilmont en 1922.

Le visiteur qui souhaite prolonger encore un peu ce délicieux temps de pause peut se procurer l’ensemble des textes reproduits dans un très beau catalogue mis en vente au comptoir du musée. C’est un recueil riche des mots des auteurs et autrices suivants : Daniel Adam, Flore Balthazar, Claire Bortolin, Daniel Charneux, Geoffrey Claustriaux, Jean-Luc Cornette, Maxime Coton, Thierry Delvaux, Miguel Diaz, Hélène Goffart Dominique Heymans, Véronique Janzyk, Eva Kavian, Caroline Lamarche, Ariane Lefort, Alexandre Millon, Martine Pauwels, Christian Quinet, Giuseppe Santoliquido, Pascal Vrebos et Patrick Weber.

Au sein de l’ouvrage, le photographe Vincent Chiavetta dévoile les coulisses des rencontres qui se sont déroulées dans les réserves du MILL. Ces instants un peu magiques ont pris la forme de tête-à-tête lors desquels les pensées se sont mises à vibrer. Dans ces images, si l’on est attentif, on peut observer une forme de connivence ou un émerveillement et un calme respectueux au bord du recueillement. Elles témoignent du moment où les millions de neurones qui ont accouché des histoires, se sont agités de manière imperceptible.

(c) Vincent Chiavetta

Un terrain pour explorer en pleine conscience

Le MILL s’est adressé à la société Mindful Art et à Marjan Abadie, en vue de proposer à ses visiteurs l’expérimentation de la découverte d’une œuvre d’art par le truchement de la méditation. Mindful Art est une entreprise qui offre des formations spécifiques aux médiateurs parce qu’elle est persuadée de la valeur sociale que possèdent les musées. Déplorant la tendance qu’ont de nombreuses institutions culturelles à penser leur projet comme une aventure commerciale offrant l’art comme un simple produit de consommation, Marjane Abadie et ses collègues ont développé un ensemble de services et outils qui permettent de compléter l’expérience muséale pour en faire un moment de rencontre bienveillante et empathique, et plus simplement celui d’une délectation.

C’est de cette manière qu’est né le contenu sonore autour du tableau d’Anto Carte « le mousse ». Concrètement, le public est invité lorsqu’il aborde ce portrait à scanner un QRcode, qui déclenche une séquence de relaxation et de méditation ayant pour point de départ le port où semble patienter un jeune mousse. Bercé par les mots de la narratrice, on se retrouve alors quelques instants emporté pour un voyage intérieur au centre de l’œuvre.

Des visites adaptées

Soulignons que l’exposition a entièrement été pensée pour être accessible aux personnes qui souffrent d’un déficit visuel, puisque des moulages de certaines œuvres ont été réalisés et que des maquettes et audiodescriptions viennent compléter la scénographie originale de l’exposition.

Et des stages tout l’été

Trois stages sont programmés cet été au MILL. Rappelons aussi que le musée est gratuit chaque premier dimanche du mois.

  • Du 8 au 12 juillet | Le portrait animé (pour les 9-12 ans)

Un stage animé par nos deux animatrices Cinéma à la Province de Hainaut, Nadège Herrygers et Véronique Scieur.

Que peuvent bien se raconter les tableaux entre eux, quand le visiteur a le dos tourné? Grâce à ce stage, les réalisateurs en herbe donneront vie et prêteront la parole aux tableaux exposés dans le musée. Différentes techniques du cinéma d’animation seront testées: dessin animé, stop motion, pixillation…

Réservation : mill@lalouviere.be  ou 064 28 25 30

Horaire des activités : 9 à 16h.

GRATUIT !

  • Du 5 au 9 août. L’art de prendre la pause (pour les 9-13 ans)

Envie d’une pause pour cette semaine de vacances ? Il y a tant de sortes de pauses ! En cette occasion, je vous propose d’explorer les émotions qui se dessinent, peignent, photographient, content ou sculptent. Le tout en lâchant prise au fil d’une idée, d’un coup d’oeil, d’une trace. Haïkus ou poésies, calligrammes ou toile, corps du comédien ou crayon noir, nous allons explorer durant une semaine ce que certains photographes appelaient « l’instant décisif » ou le moment suspendu de la pause. Pour cela, le jeu, l’amusement, l’imaginaire et les arts créatifs seront convoqués pour faire de chaque journée une surprise conviviale et joyeuse. De quoi créer et inventer en se laissant surprendre.

Par Abigaël Desart, animatrice autour du livre et de la Lecture. En collaboration avec le Réseau louviérois de Lecture publique

Horaire des activités : 9 à 16h.

Réservation (Bibliolouve) : bibliothequecommunale@lalouviere.be ou 064 26 01 41

GRATUIT

  • 12 au 16 août. Rencontres artistiques (pour les 8-12 ans)

C’est parti pour 4 jours d’ateliers 100% création et imagination ! Quelles histoires se cachent derrière les œuvres ? Comment ont-elles été réalisées ? Découvrez quelques notions sur le portrait dans l’histoire de l’art et à vous de jouer, jeunes artistes !

Par Boris Vanmeenen.

Horaire des activités : 9 à 16h.

Réservation : mill@lalouviere.be ou  064 28 25 30

Tarif : 60 € (4 jours, 15 août férié)

Infos

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MILL

Place communale 21
7100 La Louvière
064 28 25 30
mill@lalouviere.be

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