En ce moment nous vous présentons nos différents services culturels par le prisme de leur programmation estivale.
Cette fois, on vous vous emmène vers le site exceptionnel du Grand Hornu, un ensemble architectural né pour et par le charbon au XIXème siècle, et qui figure depuis 10 ans sur la Liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO. Au sein des anciens espaces de travail de ce charbonnage à l’architecture néo-classique sont établis deux musées : le MAC’s, Musée des Arts Contemporains et le CID, Centre d’Innovation et du Design. Ensemble ces deux institutions scientifiques animent de manière remarquable le lieu, grâce à une programmation à la fois ambitieuse et inclusive.
« Notre institution a pour mission d’exprimer la diversité des domaines de création et de sensibiliser le public à une culture du design et de l’architecture. Il interroge, étudie et explique cette culture en dialogue avec les créateurs, les chercheurs mais aussi les citoyens et le jeune public avec le support de sa cellule pédagogique » souligne Marie Pok, responsable du CID.
La Province de Hainaut mobilise sur place une équipe de plus de 30 agents dans le but de réaliser les missions du musée et de veiller en outre à l’entretien du complexe patrimonial dans son ensemble.
Jusqu’au 14 août prochain, le CID propose une passionnante exposition consacrée à la création au Liban et intitulée « Beyrouth, les temps du Design ». Un événement tout à fait singulier pour plusieurs raisons. Tout d’abord parce qu’il s’agit de la toute première exposition consacrée à ce sujet, jusqu’à présent peu documenté. Ensuite parce qu’elle a nécessité un travail de longue haleine sur le terrain (5 ans), en raison de l’histoire complexe du Liban au cours du XXème siècle. Enfin parce qu’il s’agit d’une première mondiale, puisque, conçue dans le but de rayonner en Europe, elle a été inaugurée en Belgique, au Grand Hornu !
Derrière cette exploration du design au Liban, il y a la recherche menée par Marco Costantini, co-directeur du Musée du Design de Lausanne. Son propos engagé, veille à mettre en valeur et faire rayonner l’œuvre menée par les designers installés aujourd’hui au Liban, en présentant un ensemble de leurs réalisations inventives et généreuses.
Le souhait du Commissaire et chercheur est de soutenir les efforts des créateurs ayant décidé de travailler à la reconstruction d’un pays qui a connu tour à la tour la charge du colonialisme, la guerre civile, mais aussi la corruption et son cortège de mutilations. Le Liban est aujourd’hui un pays exsangue, où près de huit personnes sur dix vivent sous le seuil de pauvreté, tristement revenu sur le devant de l’actualité suite aux deux explosions survenues dans sa capitale, Beyrouth, en août 2020 et autour desquelles l’enquête pour désigner les responsabilités s’enlise.
Une exposition qui se livre en trois séquences réparties dans deux espaces.
Pour prendre totalement conscience de la grande fertilité et de l’incroyable mobilisation des créateurs vivant au Liban actuellement, il est absolument nécessaire de se pencher sur son passé. Le premier fragment de l’exposition aborde l’histoire de la naissance du design libanais après la fin de la première guerre mondiale et la dislocation de l’empire ottoman. Un avènement qui se fit de manière assez brutale.
Confronté à la difficulté de collecter des archives et objets liés à ce processus, le Commissaire de l’exposition a dû mener une intense enquête de terrain. Elle révèle la mise en place d’un urbanisme colonial, et montre la manière violente avec laquelle le centre ville de Beyrouth a été remodelé sous le mandat français, sans tenir compte des formes urbaines préexistantes.
Exhumant des pièces exceptionnelles, des photographies et plans d’une grande qualité, les recherches présentées témoignent aussi d’un développement exemplaire après la seconde guerre mondiale et l’indépendance du pays, avec l’intervention de grandes figures de l’architecture et de la décoration telles que Jean Royère, Sami El Khazen, Khalil Khoury, etc.
Le deuxième volet est consacré à l’émergence d’un Beyrouth créatif, dès la sortie de la guerre civile dans laquelle le pays s’est enlisé de 1975 à 1990. Une guerre synonyme de fuite et de dévastation du cœur de la ville et au fil des ans d’une urbanisation anarchique de sa périphérie. En 1990, Beyrouth, cité ouverte sur le monde, est à reconstruire entièrement, pour renforcer son attractivité et son développement économique.
C’est un véritablement bouillonnement irrigué par l’installation de galeries, ateliers, bureaux d’architectes qui viendra peu à peu animer la cité mais qui sera altéré par le projet « Hariri-Solidere », un énorme chantier contre lequel s’insurgeront de nombreux intellectuels. Une fois ce programme malgré tout lancé, on verra la destruction de près de 80% des parcelles de l’ancien centre-ville, sans qu’on envisage de les restaurer, ou même de les étudier. La ville créative se développera alors dans des quartiers périphériques, avec une ferme envie de devenir un nouveau territoire des arts appliqués.
Levier du développement micro-économique, le design connait ensuite son apogée dès les années 2010 avec l’action conjointe des galeries, la création de foires internationales et aussi l’établissement d’un département du design au sein de l’Académie libanaise des Beaux-Arts. C’est au sein de cette même section que sont présentées les productions de 14 designers, dans l’ancien magasin aux foins.
Enfin, sorte de laboratoire, Minjara Tripoli et sa philosophie, font l’objet d’une troisième tranche de cette exposition. Minjara signifie menuiserie, et vise à soutenir la filière du bois à Tripoli, historiquement réputée mais en danger en raison d’affrontements sur place jusqu’en 2014. Au cœur de ses bâtiments, Minjara réunit à ce jour les talents de nombreux créateurs et les soutient, en leur offrant des lieux propices à la conception mais aussi une reconnaissance internationale via son label.
Ce projet participatif mettant en dialogue artisans traditionnels et designers contemporains possède une philosophie profondément humaniste. Il a notamment permis aux habitants de Beyrouth de retrouver un peu de sécurité, en leur proposant un système de porte temporaire, après les violentes explosions venues pulvériser des centaines de logements en 2020 et ayant causé la mort de plus de 6000 habitants proches du port. Les recherches et créations d’architectes et designers impliqués dans la Minjara sont mise en scène dans cette section, au cœur des anciennes écuries.
Une exposition originale, qui dévoile combien le Liban, situé au cœur du monde, entre Afrique, Europe et Asie possède une incroyable capacité de résilience. C’est aussi une promesse, celle de soutenir le formidable élan de créativité qui jaillit là-bas et qui constitue l’assise du redéploiement économique de toute une région. Un flux inventif renforcé par le savoir-faire ancestral des artisans mais qui pour ne pas se tarir, car ses conditions de survie sont fragiles, doit absolument se tourner vers le reste du monde.
L’exposition se clôture le 14 août prochain, il vous reste quelques jours pour la découvrir !
Le CID et le Macs proposeront encore des rendez-vous aux visiteurs en août.
Ce sont les jeudis des familles, synonymes de découvertes qui combinent expositions et ateliers ludiques.
Le 11/08
Le matin, dès 11h, le MACS vous accueille sorciers et sorcières. Venez réaliser vos potions à base de plantes avant de découvrir en famille les expositions « Aline Bouvy. Cruising Bye » et « Gaillard & Claude. A Certain Decade »
Durée : 1h15 (visite + atelier)
À partir de 6 ans
L’après-midi, rendez-vous à 14h, du côté du CID, pour découvrir l’univers du Liban et de Beyrouth. Morceau par morceau et pierre par pierre, construire une mosaïque colorée. Créativité, délicatesse et finesse au rendez-vous.
Durée : 2h (visite + atelier)
Le 18/08
Le matin, dès 11h, le MACS vous accueille sorciers et sorcières. Venez réaliser vos potions à base de plantes avant de découvrir en famille les expositions « Aline Bouvy. Cruising Bye » et « Gaillard & Claude. A Certain Decade »
Durée : 1h15 (visite + atelier)
À partir de 6 ans
L’après-midi, rendez-vous à 14h, du côté du CID, afin de découvrir le patrimoine.
Qu’est-ce qui peut être matériel, immatériel ou naturel ? Le Patrimoine ! Grâce à cet atelier, vous saurez tout ce qu’il faut savoir sur ce qui le compose. Vous pourrez ensuite repartir avec un sac en papier décoré de vos éléments patrimoniaux préférés.
Durée : 2h (visite + atelier)
Tarif : gratuit moyennant le droit d’entrée au site
Infos et réservations : 065/613902 ou reservations@grand-hornu.be
Abonnez-vous à leurs pages Facebook, pour en savoir plus, et suivre l’actualité du CID et du MAC’s.
Daisy Vansteene, Chargée de communication pour Hainaut Culture