La Maison de l’imprimerie: musée vivant

On ne va pas vous mentir, il y a bien longtemps, nous sommes tombés totalement amoureux de la jolie ville de Thuin qui est sans aucun doute l’un des plus jolis coins de notre Province ! Un îlot de verdure que la Sambre coupe en deux, où il fait bon flâner, et qui propose de chouettes rendez-vous culturels, parmi lesquels on place sans hésiter la Maison de l’Imprimerie.

Naissance d’une initiative citoyenne.

Installée le long du fleuve, la Maison de l’Imprimerie est établie dans une ancienne école maternelle et possède une incroyable collection de machines plus ingénieuses les unes que les autres. Ces engins, dont la plupart peuvent encore être actionnés, permettent de retracer l’épopée de l’imprimerie, de la gravure manuelle à la mise au point d’outils sans cesse plus complexes et destinés à reproduire en grande quantité des écrits et des illustrations.

Pour les non-initiés, le lieu semble ne pas payer de mine, mais franchir les portes de la Maison de l’imprimerie c’est entreprendre un vrai voyage en compagnie d’une petite équipe passionnée et dévouée, bien décidée à vous transmettre son savoir, en toute simplicité.

Née grâce à la persévérance d’un amoureux, Ghislain Bourdon, lui-même chargé de l’impression des cartes à l’institut Géographique National, la collection a d’abord été installée au sein des anciens Ateliers de la Providence, au Musée de l’Industrie. Elle a ensuite été déplacée à Thuin en 1997, dans le but de développer une institution pédagogique à part entière. Sans cesse enrichi, l’arsenal de machines a été étudié, inventorié et est conservé de manière scientifique. La Maison de l’Imprimerie bénéficie d’ailleurs d’une reconnaissance muséale de la part de la Fédération Wallonie Bruxelles et est aujourd’hui pilotée par une dynamique directrice scientifique accompagnée par deux animateurs qui sont de véritables passeurs de connaissances. Précisons que cet opérateur bénéficie aussi du soutien de la Province de Hainaut.

Le souffle du savoir

Quand on pénètre la grande salle où sont ordonnancés tous les monstres de fer, on a bien du mal à voir à quel usage chacun pouvait bien être dédié… mais au cours d’une visite animée durant presque 1h30, on perce peu à peu les mystères de ces automates en sommeil que notre guide ramène à la vie.

Avant de faire rugir les colosses métalliques, on apprend qu’on n’a pas toujours fabriqué le papier avec du bois, comment on fabrique du papier chiffon, et en passant d’où viennent les métiers de chiffonnier ou marchand de loque, mais aussi pourquoi les lapins étaient utiles à la fabrication de colle et à quoi servait une pile à maillets… Autre mystère dévoilé au cours de cette exploration : comment les filigranes sont emprisonnés au cœur des feuilles de papier !

On frémit un peu d’impatience et d’excitation à l’idée de voir s’agiter bientôt les bécanes ruisselant d’encre et d’huile dont on nous révélera bientôt les noms : presses, fondeuses de caractères et linotypes. Mais il faut d’abord être initié aux différentes techniques d’impression pour mieux comprendre ensuite le fonctionnement de ces merveilles née de l’ingéniosité humaine.

Pour imprimer et reproduire un texte ou une image, il est d’abord nécessaire de creuser un support. Xylogravure, gravure sur lino à base de colle arabique, taille douce, eau forte, lithogravure : tout ce jargon dévoile peu à peu ses énigmes, grâce aux supports et aux démonstrations mises en œuvre par le guide.

Puis c’est une folle traversée de la reproduction en série qui démarre, avec l’animation des presses à bras, à pédale, à cylindre… on traverse les époques, 19ème, 20 ème siècles, les usages, les outils deviennent plus complexes, comme enchevêtrés. L’apothéose de la visite passe par la mise en fonctionnement d’un des joyaux de la collection : la presse « Jullien » (conçue en 1875), qui permet l’impression de près de 300 feuilles par heure. Lorsqu’elle est actionnée, elle semble entreprendre un grand ballet et faire virevolter les feuilles qui décollent, disparaissent et après une pirouette réapparaissent encrées, comme par magie ! Cerise sur le gâteau, chacun peut emporter l’affiche, souvenir de son passage ici, et qu’il a vu être imprimée sur la vénérable machine durant sa visite.

Les autres aspects liés à l’assemblage de feuilles imprimées et donc aux livres sont aussi abordés dans la foulée de la visite, avec la reliure et ses attributs délicats que sont les fers à dorer et dont la Maison de l’Imprimerie possède une très belle collection riche de près de 3.000 pièces !

Des rendez-vous pour tous.

La grande richesse de la Maison de l’imprimerie, c’est son ouverture sur le monde, sa volonté de collaborer tant avec d’autres institutions scientifiques qu’avec des écoles d’art, des plasticiens mais aussi des partenaires culturels et sociaux, au sens le plus large. Elle est d’ailleurs l’un des acteurs du pôle socio-culturel de Thuin qui rassemble toutes les associations locales, dans le but de les voir coopérer et développer une action concertée et partagée afin de répondre au mieux aux attentes des citoyens.

«Nous organisons des stages à la demande, pour la fabrication de papier chiffon, l’apprentissage de la gravure, la typographie, l’initiation à la linotype ou au monotype et même à la reliure. Depuis 2022, nous proposons aussi aux enseignants une journée complète à la Maison de l’Imprimerie, avec visite et découverte participative en matinée et initiation à la gravure dans l’après-midi» précise Ludivine Onuczak, Directrice du Musée.

Mais les enfants ne sont pas le seul public privilégié par le musée puisque quiconque le souhaite peut en s’abonnant, pour un prix assez modique (90 €) avoir accès durant l’année entière à l’atelier pour y développer ses propres projets d’impression. Il est bien évidemment nécessaire d’avoir en amont réalisé un stage d’initiation en compagnie de l’équipe en place.

Une politique d’expositions temporaires

Parallèlement à la visite animée et aux activités développées tout au long de l’année, la Maison de l’Imprimerie organise et accueille aussi des expositions.

  • « Match en cours »

Cette exposition présente jusqu’au 20 août prochain, une sélection des travaux des élèves du plasticien et enseignant Olivier Sonck. « Match en cours » réunit les créations des étudiants du cours de sérigraphie de l’Académie des Beaux-Arts de Charleroi et d’infographie à l’Ecole des Arts d’Anderlecht.

Pour les deux « équipes » ayant côtoyé Olivier Sonck, artiste amoureux des mots et des associations d’idées, le musée est un chouette terrain de jeu. Les œuvres produites révèlent combien en matière d’impression il est possible d’être inventif, en présentant des supports et des techniques très variés. Attention, il n’y aura sans doute pas de prolongation pour ce « match en cours », donc ne tardez plus à en arpenter les salles.

 

  • « L’Egypte dans l’Ex-Libris »

Le Musée royal de Mariemont et la Maison de l’Imprimerie vous proposeront bientôt une exposition qui revient sur l’histoire de l’envoûtante relation entre l’Égypte et un domaine bibliophilique particulier : celui de l’ex-libris.

On appelle ex-libris les petites vignettes gravées collées dans les livres pour marquer l’appartenance de celui-ci à « la bibliothèque de ».

Les ex-libris égyptisants se trouvent par centaines, rivalisant d’originalité pour certains se contentant de quelques motifs évocateurs de l’Égypte ancienne et de poncifs bien répandus pour d’autres. Entre ex-libris fantaisistes et ex-libris scientifiques, quel aperçu de l’Égypte ancienne nous offrent-ils ? Crédible et authentique ou plutôt rêvé, fantasmé et fantaisiste ?

Une exposition qui se tiendra du 07 septembre 2022 au 10 décembre 2022 à Thuin, et sera organisée autour du cycle d’activités «Egypte, éternelle passion», qui débutera bientôt à Mariemont.

Depuis 2.000 ans, l’Égypte passionne le public… Mais pourquoi ? La nouvelle exposition du Domaine et Musée royal de Mariemont explorera la fascination exercée par l’Égypte ancienne sur l’imaginaire occidental. Et le visiteur n’y trouvera donc pas des antiquités égyptiennes, mais des œuvres de diverses époques qui reflètent les fantasmes générés par la terre des Pharaons.

 

Pour ne rien manquer de sa programmation, suivez la Maison de l’imprimerie sur Facebook et Instagram

Site Web www.maison-imprimerie.net

Contact maison.imprimerie@gmail.com ou 071/59.59.70

Le musée est ouvert du mardi au samedi et le premier dimanche de chaque mois également.

 

 

 

 

Daisy Vansteene, Chargée de communication pour Hainaut Culture

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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