Un partenariat avec le tout nouveau tiers-lieu artistique « La Petite Histoire » à Ath, permet à la Province de Hainaut de valoriser trois de ses talents dont les travaux ont été récompensés lors du Prix des Métiers d’art l’an dernier.
Depuis, les trois créatrices ont produit de nouvelles pièces valorisées dans l’espace feutré de la galerie située au cœur de la cité des Géants.
A la fois gîte et galerie éphémère, accueillant toute l’année des œuvres d’artistes contemporains ainsi que des ateliers artistiques, la Petite Histoire offre un écrin intimiste à près de 70 créations présentées. Tant le lieu, à l’atmosphère sereine et conviviale, que la qualité des travaux valent le détour.
Une triple récompense
Chaque année, la Province de Hainaut récompense un artisan d’art pour la qualité des travaux présentés lors de l’exposition d’ensemble des membres. Cette récompense est attribuée par un jury de professionnels, experts dans les disciplines représentées ou issus du du monde muséal. Elle s’appuie sur des critères esthétiques, la maîtrise technique et celle du savoir-faire, le soin de la présentation, des finitions, ainsi que sur le caractère contemporain, innovant, personnel des pièces présentées ainsi que sur les qualités réflexives intrinsèques aux recherches.
Outre une récompense financière, le Prix des Métiers d’art offre au lauréat l’organisation d’une exposition individuelle l’année suivante.
En 2024, la céramiste, Marie Agnès Marlair a remporté le premier prix pour la qualité et l’originalité de ses créations en porcelaine papier sérigraphiées. Le jury a apprécié la contemporanéité des travaux ainsi que l’équilibre des formes et des volumes. Il a relevé le soin apporté aux décors sérigraphiés malgré l’extrême finesse du support en porcelaine coulée.
Le Prix « Coup de cœur du jury » a quant à lui été remis à deux artisans : Bernadette Demoulin, créatrice textile pour son kimono entièrement produit à la main au départ de textile recyclé, teint de manière végétale et rehaussé de broderies japonaises sashiko. Création remarquable et harmonieuse dans sa conception aux finitions minutieuses ainsi qu’à Caroline Lemaigre, créatrice de bijoux contemporains pour sa parure composée de trois pièces richement ciselées et rehaussées de pierres serties.
L’exposition
Les créatrices se sont approprié l’espace de la galerie en investissant le mobilier in situ ou, comme Bernadette Demoulin, en imaginant des installations aériennes, exercice salutaire pour les artisans plus souvent confrontés aux exigences commerciales des stands de salons.
L’accrochage offre des contrastes non seulement au niveau des disciplines présentées et des matériaux employés, mais aussi du point de vue de l’esprit qui les anime. A la sobriété et à la géométrie des porcelaines de Marie Agnès Marlair, se confronte l’exubérance des fils torsadés de Bernadette Demoulin. La rigueur de l’une répond à l’arythmie de l’autre.
Les bijoux de Caroline Lemaigre s’apparentent à la nature. Le choix de ses pierres précieuses et l’alchimie de ses émaux relèvent des multiples nuances chromatiques qu’un végétal ou un paysage offre à nos yeux. Elle tente de capter une harmonie ou une atmosphère indicible.
Portraits des lauréates
Marie Agnès Marlair
Vit et travaille à Loverval (Gerpinnes)
Formée initialement au tournage de la céramique et diplômée de l’Académie des Beaux-Arts de Charleroi en Céramique sculpturale, Marie Agnès Marlair pratique depuis six ans la sérigraphie sur porcelaine à l’os et sur porcelaine papier, matériau difficile mais passionnant. Elle imprime des structures et des aplats colorés de tendances géométriques.
Elle présente des pièces en porcelaine coulée sur dalle de plâtre pour assurer la finesse des parois. Les plaques de porcelaine sont imprimées avant séchage, lorsqu’elles sont encore malléables. Leur mise en forme et leur torsion n’interviennent que lors d’une seconde phase.
L’association de fines feuilles de porcelaine et de colombins extrudés, lui permet d’imaginer des structures spatiales unissant souplesse et rigueur. S’en dégage un sentiment de fragilité et d’instabilité.
Bernadette Demoulin
Vit et travaille à Fontaine-l’Évêque
Diplômée en art textile à l’Académie des Beaux-Arts de Charleroi, Bernadette Demoulin continue de fréquenter l’atelier de sérigraphie et celui de sculpture pour réaliser des formes en volume.
Sans cesse à la recherche de nouvelles formes et matières, Bernadette Demoulin allie diverses disciplines, vannerie spiralée, macramé, tissage, tricotage dans une optique contemporaine de mixité de matériaux et de volume dans l’espace. Récemment, elle s’est orientée vers la teinture végétale, plus particulièrement vers le shibori, technique de teinture japonaise à base d’indigo permettant de donner une seconde vie au linge de maison ou au textile d’habillement.
Les travaux imaginés pour cette exposition s’inspirent du « raccommodage » drôle de mot, renvoyant à une notion désuète aujourd’hui, à l’ère de la surconsommation. La démarche de la créatrice entend prouver que l’on peut encore repriser (en japonais, traduit par boro-boro qui a inspiré une technique proche du patchwork utilisant des morceaux de textiles abîmés). Bernadette Demoulin part d’anciennes toiles de coton ou de lin qu’elle teint, peint, ou sur lesquelles elle réalise des empreintes végétales. Elle assemble ensuite les morceaux par de petits points de broderie donnant vie à de nouveaux vêtements ou éléments de décoration.
Caroline Lemaigre
Vit et travaille à Deux-Acren (Lessines)
https://www.carolinelemaigre.be/
Diplômée des Arts et Métiers de Bruxelles en 2005, Caroline Lemaigre crée des bijoux en argent et en or qui sont des pièces uniques. Le processus commence par la fonte de grenaille d’argent ou d’or fin pour couler des petits lingots qui seront ensuite laminés puis forgés individuellement. Pour créer des effets et des textures, elle utilise marteaux, ciselets, bouterolles, tissus, végétaux… Chaque coup donné sur le métal est une empreinte.
Viennent alors les autres étapes de mise en forme : emboutissage, cintrage, sciage, soudure et assemblage des pièces. Finalement, pour ajouter un peu de couleur, certains bijoux sont émaillés, sertis de pierres fines ou rehaussés d’une fine couche d’or.
La créatrice dispose du label Artisanat Certifié ainsi que du Poinçon de Maître Bijoutier Certifié.
Elle présente des pièces vibrantes comme la nature qui l’inspire dont le design est singulier, végétal et contemporain.
La Petite Histoire
A côté des espaces dédiés aux expositions et aux activités culturelles, le lieu abrite également cinq gîtes urbains.
Le couple de propriétaires, Cécile Durieux et Emmanuel Ottevaere, ont transformé une élégante maison bourgeoise qui hébergeait un restaurant vietnamien. Ils ont imaginé des espaces conviviaux, ouverts sur différents services tels l’accueil de conférences, séminaires, réunions, formations, ateliers didactiques.
Les cinq gîtes portent chacun le nom d’une artiste féminine emblématique – Yoko (Ono), Niki (de Saint-Phalle), Frida (Kahlo), Tamara (de Lempicka) et Rosa (Bonheur) – prolongeant ainsi l’esprit artistique et créatif des espaces de vie du rez-de-chaussée.
Infos pratiques
Exposition accessible
Du 25.01 > 22.02.2025
du mercredi au samedi : 14 > 18h.
Ou sur rendez-vous
Cécile Durieux, lapetitehistoire.ath@gmail.com +32474439293
Ath, La Petite Histoire
Rue de Brantignies 23
Entrée libre
Manifestation organisée par l’Office des métiers d’art de la Province de Hainaut, Hainaut Culture, en partenariat avec La Petite Histoire
Infos : op.mah@hainaut.be – Facebook Métiers d’Art du Hainaut
https://www.lapetitehistoire.be/mentions-legales.html