Il ne vous reste plus que quelques jours pour découvrir l’exposition « Le surréalisme : bouleverser le réel » présentée au Musée des Beaux-Arts de Mons jusqu’au 16 février prochain. Abordant de manière inédite l’évolution du surréalisme en Belgique, cet événement explore la notion méconnue d’objet bouleversant et son impact sur notre société.
Emergeant dès 1924 avec la publication du « Manifeste du surréalisme » par André Breton, ce mouvement s’est rapidement diffusé à l’échelle mondiale, avec une ferme volonté de libérer la pensée des contraintes rationnelles et morales, explorant de ce fait les profondeurs de l’inconscient. En Belgique, le surréalisme a pris une dimension originale, sous la houlette des emblématiques René Magritte et Paul Nougé. L’exposition nous dévoile comment ces artistes ont détourné l’objet quotidien pour secouer les conventions artistiques et sociales de leur époque, en les transformant en outils subversifs capables de remettre en question la perception de la réalité.
« Il s’agissait pour eux de provoquer un déclic, de nous amener à changer notre façon de voir les choses, de penser et d’agir. » souligne Marie Godet, Commissaire de l’exposition.
Se déroulant de manière thématique, sondant les univers « des escrocs, de « cocottes », des gens de foire et de commerce », la narration retrace l’évolution de l’objet surréaliste dans les champs fertiles de la poésie, de la peinture, de la photographie, du collage et du cinéma, des années 1920 et 1930 jusqu’à l’après-guerre. Elle souligne notamment la grande porosité entre les expérimentations surréalistes belges et l’imagerie commerciale. Ces échanges ayant principalement été amenés par René Magritte qui a entretenu une relation particulière avec le monde de la publicité.
Dès les années 1920, avant de se consacrer pleinement à la peinture, il a en effet travaillé comme dessinateur publicitaire, créant des affiches et des annonces pour diverses entreprises. Cette expérience influencera radicalement son approche artistique, notamment dans sa manière de détourner les objets du quotidien pour leur conférer une dimension poétique ou mystérieuse.
Construite comme un étonnant parcours, l’exposition met en lumière près de 300 œuvres tantôt emblématiques, tantôt inédites. L’un de ses autres apports remarquables est le fait qu’elle interroge la place des femmes dans le mouvement. On retient ainsi l’étude très intéressante menée autour d’une des rares femmes du surréalisme belge, Jane Graverol, qui se distingue par des compositions oniriques où évoluent des figures féminines puissantes et déterminées. Contrairement à ses homologues masculins habitués à dépeindre la femme comme une muse passive, Graverol propose des corps souvent érotiques ou grotesques. Elle aborde avec sa manière singulière la féminité en intégrant dans ses recherches des thématiques féministes avant l’heure.
Il s’agit donc d’un regard nouveau sur ce mouvement centenaire, qui invite à une réflexion sur la nature subversive du surréalisme et sa pertinence contemporaine. Car en faisant écho aux pratiques actuelles où l’image, la publicité et les objets du quotidien continuent d’être détournés, on comprend grâce à cette exposition, combien l’imagerie et la pensée de notre société actuelle doivent beaucoup aux surréalistes.
animations le 16.02
- de 15:00 à 16:30, dans le cadre de l’exposition « Le surréalisme : bouleverser le réel », profitez d’une visite guidée. Tarifs : 11€ plein/8€ réduit (entrée expo + 2€)
Réservations auprès de visitMons au +32(0)65 33 55 80
- de 15:30 à 16:00 performance : « Un portrait d’après nature ou l’histoire telle qu’on la crée ou l’Histoire telle qu’on la performe »
Naviguant entre performance et expérience sensible, Amélie van Liefferinge, emmène le public dans un parcours choisi à travers l’exposition « Le surréalisme : bouleverser le réel ».
Le parcours, à la manière d’un « objet bouleversant vivant », utilise le mannequin vivant comme métaphore du visiteur de musée et nous invite à nous interroger sur les liens qui se tissent entre les corps et les œuvres.
Cette approche sensible soulève également des questions plus larges sur la représentation des corps, le regard, masculin ou féminin, posé sur les corps ou encore, comment corps et gestes racontent différemment une même histoire.
Gratuit – Compris dans le ticket d’entrée mais réservation conseillée via visitMons
- Un guide du visiteur gratuit est disponible sur place ou en téléchargement via le site web.
- Un catalogue très documenté accompagne l’exposition « Le surréalisme : bouleverser le réel ». Disponible à l’accueil, il est proposé au prix de 35 €.
Restaurer les choses – BENTO x Corentin Mahieu
De manière concomitantes une très intéressante exposition se déroule dans la salle aux piliers du musée. Transformé en une sorte de laboratoire par deux architectes-plasticiens, l’espace présente les recherches menées autour de champignons, entités vivantes capables de réparer ou plutôt de re-parer certaines œuvres d’art.
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Musée des Beaux-Arts de Mons