Un cycle d’événements en hommage à Pol Bury.

Il y a 100 ans, Pol Bury poussait son premier cri à La Louvière.

Pour fêter cette naissance et le rayonnement international qui a découlé de l’inépuisable inventivité « du plus célèbre artiste de la rue Ferrer » comme il aimait s’appeler, un programme artistique et festif se déploiera dans sa ville natale durant la deuxième moitié de cette année de jubilé.

Les festivités ont démarré depuis peu avec plusieurs manifestations livrées à tous.

Nos services culturels ont joyeusement accepté de s’y impliquer en adjoignant un certain nombre de rendez-vous à la liste initiée par la Ville de La Louvière.

Mais débutons par un joyeux chaos avec le projet « 100-Pol-Bury »

« Ici chacune et chacun le (Bury) met à sa sauce et c’est donc à un banquet que l’on est convié » Christophe Veys.

C’est exactement le sentiment qui nous envahit lorsqu’on pénètre au sein de l’expo « 100-Pol-Bury » qui se tiendra jusqu’au 16 septembre au sein de la galerie Brock’n’Roll, rue Hamoir à La Louvière.

En ce lieu on retrouve 140 ans artistes, autant de propositions, toutes construites autour d’une reproduction d’un portrait photographique de Pol Bury par Jean-Pol Stercq, imprimée par Pol Authom … Une tonitruante exposition collective rassemblant toutes les expressions ayant germé autour de l’impression numérique d’un Bury minimaliste mais encravaté. Bury, fil conducteur usurpé par des créateurs célèbres ou anonymes. Bury, sujet central de toutes ces cogitations doit se réjouir d’apparaître plus que jamais comme un « vieux peau rouge qui ne marche pas en file indienne» expulsé de cet imaginaire collectif.

Pol Authom, Alain Breyer, Kikie Crêvecoeur, Rodrigue Delattre, Emelyne Duval, Jacques Iezzi, Michel Jamsin, Claire Kirkpatrick, Hugo Meert, Daniel Pelleti, Serge Poliar, notamment, ont épinglé leur hommage à Bury dans un magma pétillant aux murs de la galerie, aux côtés des créations des étudiants de l’Athénée provincial de La Louvière et de l’Institut d’Enseignement secondaire Paramédical provincial de Mons. Tel un ultime opuscule burlesque, un très beau catalogue condense toutes ces propositions artistiques, pour immortaliser l’événement. On peut se le procurer sur place.

Autre lieu, autre atmosphère, à un jet de pierre de là, au Centre Daily Bul, avec l’exposition «Ralentir».

Dans ces salles, les trésors témoignant de l’intarissable et protéiforme créativité de Bury, exhumés des compactus, côtoient les recherches d’un artiste actuel stimulant invité par notre Secteur provincial des Arts plastiques. Diego D’Onofrio, étudiant en Master 1 à Arts au Carré, se plait à jouer avec les mouvements, il aime les domestiquer, les rendre plus légers, les ralentir, voire les figer. Mais arrêter ne signifie pas simplement tomber dans une simple contemplation, au contraire, la démarche de Diego se veut résolument participative. Ce qu’il propose au regardeur, c’est de devenir complice de ses réflexions.

« Pour moi, c’est comme livrer une recette de cuisine, je détaille les ingrédients et chacun peut inviter un peu plus de beauté dans son quotidien avec un peu de patience et de méthode. J’aime que le public soit acteur, qu’il manipule les pièces pour les mettre en mouvement comme dans le dispositif «tords-moi » par exemple. Je ne veux pas sacraliser l’art, je récupère des matières normalement destinées à un usage industriel ou utilitaire, sans valeur intrinsèque, pour en faire des objets poétiques » Diego D’onofrio.

L’artiste a bien conscience d’être né dans une époque compliquée, il avoue avoir parfois l’impression d’encaisser une grande pression sur son échine, comme de nombreuses personnes de sa génération.

« C’est comme si on avait toute la responsabilité de l’avenir du monde sur nos épaules. Nous devons trouver des issues aux dérèglements d’une planète que nous habitons depuis un peu plus de vingt ans… comme si nous étions coupables par le simple fait d’être humains ».

Profondément marqué par les enjeux liés au climat et à la surconsommation, le plasticien développe un processus créatif écologique à l’extrême puisque même l’animation de ses installations est confiée aux soins des visiteurs. Pas d’autre dépense énergétique nécessaire à leur oscillation, à part un peu d’huile de coude.

Ses aïeuls ont connu les dangers et le bruit de la sidérurgie du bassin industriel carolo. Lui-même a déjà travaillé comme étudiant dans une usine métallurgique. C’est de cette expérience, qu’est née l’installation « Voilà, vacances d’été Seneffe ». Une oeuvre qui montre comment face aux bruits et à la répétitivité, l’esprit humain est habile pou s’évader lentement, loin de cette forme d’aliénation qu’est le travail à la chaîne, pour construire une autre narration.

Issu d’une famille d’origine italienne, arrivée en Belgique pendant les accords du charbon, Diego a la chance d’avoir pu sonder ses racines, grâce à ses parents qui l’ont emmené tout petit à la rencontre de son histoire familiale.

«Enfant, mes parents m’ont promené sur tous les sites miniers… je ne comprenais pas trop ce qu’ils voulaient me faire deviner mais malgré tout je sais que j’ai été marqué par tout cela. Le travail, ses gestes répétitifs, sa pénibilité, son bruit m’intéressent aujourd’hui encore et m’inspirent. Je pense en avoir pris réellement conscience lorsque j’ai collaboré à l’atelier Baz’art en compagnie d’autres étudiants au MAC’s en 2021 dans le cadre de l’exposition consacrée à Johan Muyle ».

Après avoir expérimenté une filiation avec Johan Muyle, Diego D’Onofrio révèle un lignage évident avec Bury : détournement d’engrenages, usage du métal, objets lentement animés … Un langage qui se réinvente dans un mouvement continu, pour notre émerveillement.

Signalons que jusqu’au 26 juin, dans ce même lieu, cohabite une autre exposition présentant les travaux des étudiants en Communication visuelle et graphique (Bachelor 1 et 2) de La Cambre. Sous la coordination de leur professeur Pascal Lemaître, chacun a réalisé un livre sur base du texte de Pol Bury « Les petits oiseaux chantent » publié dans la revue Daily-Bul en 1963. Des créations aussi belles que diversifiées découlent de cette rencontre.

Une autre intervention de Diego D’onofrio est présente au Mill, en lien avec les collections permanentes d’Idel Ianchelevici, au rez-de-chaussée du musée qui accueille en ce moment une très belle exposition consacrée au peintre Daniel Pelletti. Nous vous en reparlerons tout bientôt.

Au Centre de la Gravure, toujours dans le cadre de l’année Bury, l’exposition d’elena Kamma est à voir également. Nous y avons consacré une petite chronique il y a peu de temps, ici.

Comme Pol Bury était aussi un homme de lettres, poète et critique d’art… il sera également question de faire tournoyer les mots à La Louvière.

Notre bibliothèque provinciale, membre du Réseau louviérois de lecture publique invitera chacun à délier lentement les mouvements de sa plume lors d’ateliers d’écriture ayant pour dénominateur commun les thèmes chers à Bury.

Les amis artistes du Daily-Bul

Dans les publications du Daily-Bul, réalisées en collaboration avec des artistes, des écrivains et des poètes amis de Bury, on trouve des petits pamphlets, comme dans la collection des « Poquettes Volantes », des albums d’artistes, ou encore des recueils de poésie. Vous êtes conviés à écrire en suivant les pas d’Alechinsky, Folon, Chavée ou Miro, …

  • Mardi 17 mai, de 9h30 à 12h ou de 13h à 15h30, Bibliothèque provinciale – Adultes/Ados
  • Jeudi 19 mai, de 17h à 21h, via Zoom. Dès 16 ans. Réservation obligatoire au 064/312 508

Le thème de l’eau, encre de nos vies…

Après 1976, Bury n’avait plus besoin des aimants et de leur force magnétique pour déranger. Il s’est alors servi du poids de l’eau et sa fluidité.

  • Mardi 21 juin, de 9h30 à 12h ou de 13h à 15h30, Bibliothèque provinciale – Adultes/Ados.
  • Jeudi 23 juin, de 17h à 21h, via Zoom. Dès 16 ans. Réservation obligatoire au 064/312 508

(c) Vincenzo Chiavetta 

Une conférence livrée par Christine Béchet retracera le destin de Pol Bury

Né à Haine-Saint-Pierre en 1922 et trépassé à Paris en 2005, Bury aurait eu 100 ans en 2022…

Chavée, Magritte, Daily-Bul, André Balthazar, Montbliart : ces noms évoquent Pol Bury et ses sculptures surréalistes, boules ou cylindres métalliques, que l’on retrouve dans les espaces publics. Jeudi 16 juin, à 19h, Le Gazomètre. Dès 16 ans. Réservation obligatoire au 064/312 508.

 

INFOS

MILL

064 28 25 30 ou edu@lemill.be

https://www.lemill.be

 

Centre Daily Bul

http://www.dailybulandco.be

 

Centre de la Gravure et de l’Image imprimée

www.centredelagravure.be 

 

Bibliothèque provinciale à La Louvière

Section adultes et adolescents / tél. 064/ 31 22 20

Section des périodiques et salle de lecture / tél. 064/ 31 25 00

Section jeunesse « La Ribambelle des Mots » / tél. 064/ 31 24 09

Pour en savoir plus sur l’année consacrée à Bury

Pol_Bury-100ansDossierdepresse

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