La Charte des Loisirs de l’Ouvrier, 1919

Le programme de la Commission Provinciale des Loisirs de l’Ouvrier, qui vit le jour le 4 avril 1919, peut être entendu comme un véritable projet de société.

Portrait de Joseph Wauters

« Tout est détruit, tout doit être reconstruit et nous n’avons plus rien » Joseph Wauters.

La grande richesse des travaux menés par ses membres fondateurs était leur vision globale, leur volonté de voir se transformer le monde dont ils étaient issus et qui se trouvait dans l’ornière au sortir de la Grande Guerre. Logements bombardés, industrie à l’arrêt, alcoolisme, famine, illettrisme, comme le dit Joseph Wauters dans un courrier adressé en 1919 aux membres de la C.P.LO. « Tout est détruit, tout doit être reconstruit et nous n’avons plus rien ». Cette reconstruction doit se faire avec l’aide des masses laborieuses qui doivent elles aussi pouvoir s’émanciper. Il faut  poursuivre l’œuvre des universités populaires initiées par Jules Destrée, mais pour lui donner plus de force et la combiner à bien d’autres mesures qui agiront sur le quotidien, la vie professionnelle, sociale et intellectuelle de tous les travailleurs qui ont dès la fin du 19ème siècle réclamé plus de justice sociale et moins de pénibilité au travail.

 Anto Carte, Pieta

Apres la Grande Guerre, l’économie belge s’est affaiblie en raison des mesures imposées par l’occupant, les rationnements n’ont pas permis d’investir dans l’outil de production, une partie du personnel a été déportée, les machines les plus modernes ont été démontées et transférées en Allemagne. La Belgique veut retrouver sa position dominante sur l’échiquier économique mondial. Il faut relancer la machine, que les fosses « avalent les hommes pour qu’elles recrachent le charbon » qui alimentera les usines belges, les armées de travailleurs doivent reprendre leur oeuvre, mais cette fois dans de meilleures conditions, celles qu’elles revendiquent depuis plusieurs décennies avec une demande de réduction quotidienne du temps de labeur.

Allégorie des 3X8 heures

En 1919, la CPLO s’active en raison du projet de loi sur les 3X8 heures qui verra augmenter le temps de repos quotidien des travailleurs.

Or, pour Paul Pastur « Si l’ouvrier était plus instruit, il produirait plus ou autant dans un espace de temps moindre. L’ouvrier instruit recherche des distractions et des plaisirs sains. Il lit, il pense, il réfléchit. J’attache au développement intellectuel et moral de l’ouvrier une importance capitale, je constate que les longues heures de travail sont un obstacle à peu près invincible à son développement ; j’estime qu’en permettant à l’ouvrier de s’instruire et de s’éduquer davantage, l’industrie nationale gagnera par la qualité et la quantité de sa production ce que le diminution de la durée de travail pourrait lui faire perdre momentanément« .

Portrait de Paul Pastur, Bauduin.

Intégrer la beauté dans tout, initier les ouvriers à l’esthétisme du « berceau au caveau », leur proposer une vie plus saine, hygiénique, au grand air, au jardin, une alimentation plus variée, soigner leur habitat, les initier à l’hébertisme, les emmener en excursion pour qu’ils apprennent encore et encore, mettre à leur disposition des livres, des causeries, des projections lumineuses.

Former des légions d’animateurs, de bibliothécaires, d’éducateurs sportifs, construire des écoles, des centres sportifs, proposer des types de logements ouvriers sains et aménagés avec goût et à moindre coût… un immense projet paternaliste et visionnaire, soutenu tant par les membres politiques du POB que par les industriels, les représentants de l’église, et des syndicats… c’est un peu tout ceci la C.P.L.O. On décide de la structurer en sous-commissions qui aborderont tous les aspects de la vie quotidienne des travailleurs.

Chacune des sections apporte sa contribution à la mise en place d’un nouveau système qui promet d’être exceptionnellement efficace en répondant aux différentes faiblesses que rencontre la société à ce moment précis. La logique avec laquelle s’enchaînent les réactions soulevées par ces sections dans le discours inaugurale de la commission de Paul Pastur en 1919 est imparable !

Jugez-en à la lecture de ce texte au langage suranné et paternaliste, au sein duquel la femme n’a qu’un rôle très secondaire, quand elle n’est pas simplement considérée comme un « ventre », propre au contexte de l’époque durant laquelle il fût prononcé, il y a plus de 100 ans.

Discours PROGRAMME prononcé par Monsieur Paul PASTUR, Député permanent dans la séance d’inauguration du 4 mai 1919

 

MESSIEURS,

La journée de 8 heures constituera demain le régime normal du monde civilisé. Tenons-la pour un fait accompli.

La journée de 8 heures s’inscrira, en effet, non seulement dans la Législation des Etats, mais bien dans le droit international, puisque la Conférence de la Paix va en décider ainsi.  Nous sommes au temps du renouveau, c’est l’époque où l’on sème. Les hommes auxquels incombe la responsabilité d’organiser et de diriger l’évolution, doivent se rendre un compte exact de la situation et abandonner la routine d’autrefois, pour préparer le monde qui doit sortir meilleur, et ne plus s’obstiner dans les conceptions arriérées, incompatibles avec la forme que la production revêtira demain. « Nous ne sommes encore qu’au seuil des temps meilleurs », disait hier Wilson.

On a trouvé des hommes pour remporter la victoire, il en faut pour l’organiser.

Soyons parmi les constructeurs.

La Députation permanente du Hainaut a fait appel à des hommes appartenant à toutes les classes et à des opinions politiques ou philosophiques diverses pour qu’ils cherchent ensemble ce qu’il convient de faire. Quand on a démoli, il est seyant de savoir ce qu’on va mettre à la place de ce qu’on a détruit.

L’ouvrier va jouir de 8 heures de loisir. Qu’en fera-t-il ? Tel est le problème dont je viens vous convier à trouver la solution dans la plus cordiale communion de vos bonnes volontés. Je me bornerai, quant à moi, à poser l’énoncé du problème et à vous en montrer les multiples aspects. Votre science, votre expérience, votre sagacité sauront indiquer les moyens pratiques de résoudre cette question et de faire œuvre de saine prévoyance sociale.

Allard l’Olivier, détail de « les Loisirs de l’Ouvrier »

Que fera l’ouvrier de ses heures de loisir? J’espère bien, pour m’a part, qu’il les passera d’abord et surtout dans sa famille, cette cellule sociale. Tant vaut la famille, tant vaut la société. C’est une vérité vieille comme le monde. Il faut oser le dire : l’ouvrier néglige trop souvent ses devoirs familiaux. Il ne fait que passer au logis, sa journée de travail accomplie. Son long labeur, sa fatigue ne lui permettent pas de s’occuper de l’enfant. Celui-ci n’a que sa mère pour le guider, ou plutôt pour le gâter et l’enfant voit négliger ses devoirs sacrés à l’instruction et à l’éducation et est abandonné à lui-même. L’instituteur n’est pas aidé dans sa mission et la société n’y gagne rien, au contraire!

Franz Gaillard

Ayant du temps de reste, le père devra s’occuper de ses enfants au logis; mais il faut au travailleur un logis où il se plaise, qui joigne le confort à la beauté simple. Confort n’est pas synonyme de luxe, pas plus que la beauté n’est un équivalent du goût. Le confort résulte de la distribution logique des pièces et le goût de leur arrangement.

Walter Sauer, Femme buvant de l’absinthe 

Là où manque le confort, où existent le désordre et la malpropreté, règne la misère physiologique et morale : là sévit trop souvent l’alcoolisme. Le logis peu seyant chasse l’homme au cabaret. Mais le goût n’est pas une denrée rare qui se vend au marché, il y a là une éducation à faire. Il faut rendre belle la maison de l’ouvrier; c’est tout un problème à étudier : le choix des matériaux, leur agencement, le mobilier, le décor, l’hygiène, tout est à examiner. Qu’elle soit grande ou petite, il faut que le soleil visite la maison, que de ses croisées, on aperçoive le ciel et le paysage, qu’on y trouve des gravures, des estampes, des photographies, des poteries, des fleurs, c’est-à-dire de la grâce et de la fraicheur, des parfums, de la beauté.

Numéro spécial consacré à « La Maison », Savoir et Beauté 1923

L’Art au foyer nous donne cette joie qui émeut notre cœur et nous fait aimer les choses. Il faut donc établir le logement ouvrier, créer tout ce qui contribuera à y mettre du bien-être et du goût. Il doit être entouré d’un jardin que l’homme pourra cultiver dans ses heures de loisir.

Concours provincial d’art décoratif

Le coin de terre, c’est le plein air qui gonfle les poumons engorgés par les poussières de l’usine, c’est le délassement sain, c’est l’accroissement des ressources du ménage, une alimentation meilleure, encore augmentée par l’élevage des petits animaux domestiques, dans des installations rationnelles. On a de l’attachement et on se passionne pour toutes ces choses. C’est, en somme, de nouveau posée, l’éternelle question de l’éducation ménagère déjà tant agitée. Mais cette fois, elle intéresserait l’homme autant que sa compagne. Jusqu’ici, avouons-le, nous n’y avons pas songé ou plutôt nous n’avons pas assez fait pour la résoudre.

ex libris dessiné par Marius Renard

De la coopération du mari et de la femme résulterait le plus grand bien pour la famille.  Les conditions d’entretien sont presque toujours fautives, mal comprises, mal adaptées au but physiologique auquel elles ont à répondre. Or, la capacité de travail est fonction de l’apport énergétique. La diminution des heures de travail implique une production non diminuée, affirment les économistes. Les expériences anglaises et américaines faites pendant la guerre sont là pour le démontrer. Il importe donc que, dans le ménage, tout contribue à l’augmentation de l’énergie du travailleur.

modèle d’étagère à fabriquer soi-même dans la revue Savoir et Beauté

Tout se tient, tout se lie. La question de l’enseignement ménager et des cours professionnels féminins reste absolue, et il faut y ajouter les conférences sur l’horticulture, l’aviculture, l’apiculture, la cuniculture…  Certains cours professionnels temporaires même pourraient initier l’homme au travail du bois, du fer, du cuir et à la peinture, pour qu’il puisse entretenir économiquement et réparer lui-même son logis et les choses qui le garnissent. En ce faisant, on respectera les instincts populaires en leur assignant un but plus utile. Nos ouvriers aiment à « bricoler », dans leur intérieur, comme ils disent dans leur savoureux langage.

Ces conditions de la vie familiale étant bien remplies, l’ouvrier rendra son effort plus productif à tous les points de vue, en s’instruisant. J’abuserais de vos instants, Messieurs, si je voulais ici vous convaincre de la nécessité de l’instruction en général et de l’enseignement technique en particulier. N’enfonçons pas des portes qui sont largement ouvertes!  Ne perdons jamais de vue pourtant, que c’est la bonne école primaire qui fait la bonne école industrielle et professionnelle. Si l’enseignement technique a produit des mécomptes dans notre pays, c’est parce que ses élèves n’ont pas reçu à l’école primaire une préparation suffisante dont les causes ne sont pas toujours imputables aux maîtres…

Illustration de Marius Renard pour l’Institut des Arts et Métiers de Saint Ghislain

Depuis le 19 mai 1914, nous avons une loi sur l’instruction obligatoire, mais cette loi doit encore entrer en application. Déjà, de par la leçon des événements, elle suggère de sérieuses modifications, notamment en ce qui concerne le problème de l’éducation morale et de l’éducation civique.  Un peuple ignorant peut être gouverné, mais un peuple instruit peut seul se gouverner lui-même. L’instruction des futurs citoyens est donc d’une primordiale importance, car de la valeur de ceux qui votent dépend celle des faiseurs de lois.

Elève en train d’exécuter un modèle décoratif, Institut des Arts et Métiers de Saint Ghislain 1925

Mais il faut davantage que la fréquentation de l’école primaire. Il est juste de supposer que, sans l’obligation, jamais l’ignorance ne disparaîtra. Il existe toujours un résidu social que l’école sera impuissante à clarifier, parce qu’il ne l’atteindra jamais. L’obligation primaire de 6 à 14 ans est insuffisante. Le savoir élémentaire d’un enfant abandonné à lui-même est destiné à disparaître. Dès lors apparaît nettement la nécessité inéluctable de l’obligation post-scolaire, avec la possibilité physiologique de profiter des leçons. Ce n’est pas de 7 à 9 heures du soir, après 10 heures de présence à l’atelier qu’on peut exiger d’un organisme, si résistant soit-il, un travail cérébral de 2 heures, plusieurs fois par semaine. La Grande-Bretagne, sur proposition du Ministère Fisher, vient d’établir l’obligation jusqu’à 18 ans. Elle existait déjà en Ecosse, en Suisse, en Allemagne ; la France l’admet et le discours du Trône l’a préconisée chez nous, ainsi que la Charte de la Société des Nations,…  Il faudra qu’industriels, économistes et pédagogues en étudient l’application en Belgique. Mettre dans chaque foyer un homme et une femme instruits, c’est là le plus élémentaire devoir social dont l’accomplissement satisfera nos consciences. Mais ce n’est pas encore assez.

Education physique pour filles, illustration dans Savoir et Beauté 

D’autres obligations réclament l’attention de ceux qui ont le souci de l’éducation et de la culture des masses ouvrières.  La science a insufflé une âme aux mécanismes inertes; elle a fait courir en eux une énergie mystérieuse, un ignorant ne peut la manier sans péril. L’effort d’attention dépasse aujourd’hui l’effort musculaire ; c’est pourquoi, l’ouvrier, une fois sa journée accomplie, a besoin de grand air, d’exercice physique, de distractions; c’est pourquoi il éprouve le besoin de rencontrer ses camarades, de participer à la vie de ses frères dans des distractions hygiéniques. On semble maintenant avoir compris, en Belgique comme ailleurs, toute l’importance de l’éducation physique, si en honneur dans les pays Scandinave, en Angleterre, en Amérique.

On est convaincu actuellement que la culture intellectuelle et la culture physique doivent marcher de pair, et que l’exercice est le meilleur dérivatif aux travaux d’atelier tels que les requiert l’industrie moderne. La gymnastique perfectionne non seulement l’appareil moteur, mais l’organisme tout entier; elle atteint l’organe le plus noble de l’économie: le cerveau. Etant donnée la dépendance des muscles vis-à-vis de la volonté, l’éducation physique est avant tout l’éducatrice de cette faculté intellectuelle… Par elle, l’homme apprend à vouloir et à acquérir ainsi une qualité essentielle dans la lutte pour l’existence. L’éducation physique est encore exceptionnelle.

Danseuse, illustration dans Savoir & Beauté

La question est loin d’être résolue. Elle est toujours susceptible d’attention. Il convient d’examiner le problème de l’éducation physique sous les points de vue suivants :

1° De la physiologie des exercices physiques et de la cinésithérapie (étude du mouvement)

2° De l’éducation physique scolaire, de la préparation militaire

3° Des sports et du tourisme

4° De l’éducation physique de la femme ; de l’influence des sports sur les organes féminins et de l’amélioration de la race par la mère ; de la gymnastique rythmique. Une seule méthode donne depuis cent ans satisfaction à une race, c’est la méthode suédoise d’Henri Ling (1776 – 1839) qui convient au foyer, à l’école, à la caserne. Je ne veux pas terminer ce paragraphe sans rendre, aux sports l’hommage qui leur revient. C’est à eux que nous devons le mouvement actuel mené pour la reconnaissance physique, afin de rendre l’individu plus sain, plus fort, plus beau, pour le faire bénéficier du rendement physiologique..

Anto Carte, « Tireurs à l’arc »

On court, on nage, on boxe ; c’est la bicyclette, le football, le tennis, etc., sans préjudice de nos antiques jeux de Wallonie : la balle, la crosse dans le Tournaisis , le jeu de boulette dans le pays de Chimay, le jeu de quilles à Charleroi, les tirs à l’arc à la perche et au berceau en Entre Sambre et Meuse, au Borinage et ailleurs. Les sports sont une école d’énergie; ils exigent l’effort, et l’effort, c’est la condition de valoir davantage, de valoir mieux. Quand les muscles – ont plus de ressort, la pensée a plus d’audace.

Il faut édifier des gymnases et créer de nouveaux cercles d’éducation physique, des associations sportives. Il faudra aussi les plaines de jeux dans toutes nos communes, pour les futurs tournois olympiques et a côté, les bassins de natation, les bains-douches, etc. Le plus humble des sports, le plus bénévole a droit également à notre sympathie : la pêche à la ligne, calme et reposante. La foule des pêcheurs exigera le repeuplement de nos cours d’eau; il sera permis alors seulement à ces braves gens de se livrer sans trop de désillusions à leur passion paisible et innocente.

Franz Gaillard , « Sur la plage »

La promenade, les excursions sont aussi des délassements physiques, en même temps que des délassements moraux.

« Un matin, en Ardenne, quand les brouillards légers sont comme des écharpes éparses dans les allées ; un soleil couchant en Campine, avec des éclats d’or et de sang reflétés dans les mares un hiver dans la forêt de Soignies ou un flambant été sur la dune, sont autant de spectacles magnifiques pour lesquels on ne saurait avoir trop de filiale tendresse.Il ne faut pas que la beauté de nos sites soit sacrifiée à des intérêts économiques, certainement respectables, mais réellement trop exclusifs. La conception de la propriété particulière s’atténue et se complique d’une conception d’une propriété commune, qu’on demande aux gouvernements de consacrer et de faire respecter. Il s’introduit de plus en plus dans la conscience du monde moderne, la notion d’une sorte de droit public sur les œuvres génératrices de Beauté » (Jules Destrée, Chambre des représentants, séance du 30 juin 1905).

Par des mesures faciles à prendre, tels les abonnements à des prix très réduits, il sera possible à l’ouvrier et à sa famille de faire connaissance avec les régions les plus pittoresques de la Patrie belge… Et ce sera tout profit.

Atelier de brodeuses de l’Institut des Arts et Métiers de Saint Ghislain. Préparation du stand de l’école à l’exposition universelle de Paris 1925.

Après les délassements du corps, les récréations plus spéciales de l’esprit : la lecture, les causeries, les conférences, les manifestations de l’activité intellectuelle, artistique, industrielle et commerciale de l’humanité, autrement dit : les expositions.

Donnons à l’enfant le goût de la lecture et apprenons-lui à se servir du livre. Sorti de l’école; il oubliera sans doute beaucoup de ce qu’il aura appris, mais il aura le goût de l’étude, l’instrument nécessaire pour apprendre. Et il lira encore étant homme. Les bibliothèques doivent exister dans chaque commune et recevoir une organisation pratique, telle que celle usitée en Angleterre et aux Etats Unis. On oublie trop que l’instruction doit surtout donner à l’esprit des cadres que la lecture et l’expérience rempliront.  Il faut avoir des clartés, « rien ne doit nous être étranger ». C’est la base sur laquelle tout peut être et doit être édifié. Les Universités populaires sont des moyens puissants de culture. Et ce faisant, on aura des êtres plus moraux, on préparera l’homme à faire le bien. Il existe encore bien d’autres récréations saines.

Roméo Dumoulin, « a capella »

Le cinéma doit devenir un puissant outil d’éducation. Il s’assagira. On peut lui faire délaisser le romanesque, les aventures de feuilleton, les drames judiciaires, pour des enseignements vibrants d’intérêt. Il rendra alors d’immenses services.  N’oublions pas non plus la musique, aimée de tous, que l’on pratique en sociétés : chorales et instrumentales ; le chant individuel, les cercles d’art dramatique déjà nombreux, de langue française ou de dialecte wallon. L’initiation des masses sera facilitée par les écoles de musique, les cours de diction et les encouragements donnés au théâtre populaire…

Tel est le vaste programme à envisager. Comment le réaliser?  C’est le plus ardu de la tâche à laquelle nous vous convions. Il me paraît que le moyen le plus simple d’aboutir vite et bien serait d’en confier l’étude de chaque question de ce programme à des commissions et sous-commissions où se trouveront des spécialistes. Il n’en manque pas parmi vous.

Chaque commission soumettrait ses conclusions à l’appréciation de l assemblée générale, qui en tirerait les conclusions finales. Il appartiendra alors aux pouvoirs publics de les faire entrer dans le domaine de promptes réalisations.

Consacrons-nous à ce radieux déploiement d’œuvres de rénovation. Elles contiennent, en puissance, le bien-être et le bonheur du peuple, d’un peuple de travailleurs laborieux, sobres, instruits aux foyers clairs, aux salaires hauts, aux volontés affranchies. Tous seraient meilleurs, parce que plus heureux de par les fortes vertus domestiques les énergies travailleuses, éclairées, prévoyantes, semeuses de bien-être, de sécurité, de régénération.

Acceptons-en l’espérance pour notre pauvre Belgique, la Belgique martyre de sa foi, la Belgique de l’Honneur !!!

 

RÉPARTITION DU PROGRAMME

De « L’œuvre des LOISIRS de l’Ouvrier »

ENTRE 7 SECTIONS.

Concours de mobilier ouvrier de la Province de Hainaut, projet lauréat. Réalisé par l’Institut des Arts décoratifs de Saint Ghislain et présenté en 1925 lors de l’exposition universelle de Paris.

Section 1 : Habitation :  Construction, mobilier, aménagement, hygiène, chauffage, ornementation, embellissement ; Décoration florale et arbustive des maisons et des quartiers ouvriers ;  Création du “home » hygiénique, gai et attirant; Etude des cités-jardins,

Floralies du Hainaut, concours à l’occasion des 100 ans de la Belgique

Section ll : Jardins. et Coins de terre : Culture du potager, arboriculture, floriculture, enseignement pratique ; Concours, inspections des jardins et expositions de produits horticoles ; A chacun son “Coin de Terre », problème foncier, psychologique et social.

Rucher-école , école d’horticulture de Mariemont

Section lll : « Les Petits Elevages »: Elevage des volailles, lapins, abeilles, pigeons de volière, moutons et chèvres, enseignement expérimental ; Concours-inspections : des installations particulières. – Propagation du goût des petits élevages;

Illustration de Marius Renard

Section IV : Enseignement :  Education de la femme : Enseignement ménager et puériculture, Enseignement. industriel : Adaptation aux “Loisirs de l’ouvrier » ; Enseignement professionnel : Cours temporaires et cours de perfectionnement. Enseignement primaire : 4ème degrés, cours d’adultes – Enseignement normal : Améliorations souhaitables et perfectionnements ;

Section V : Education physique :  Gymnastique éducative pour enfants et adultes – jeux populaires – Sports – Création de stades de jeux et plaines de sports – Formation de professeurs d’éducation physique – Propagande en faveur de la culture physique.

Section VI : Education artistique : Initiation esthétique : l’Art à l’école et au foyer – Les Musées – Les expositions artistiques ambulantes avec causeries – Les Maisons d’Art – Les publications d’Art – Art musical : instrumental et choral – Chant individuel – La chanson populaire. Art dramatique : diction. – Arts d’agrément et arts décoratifs – Le Cinéma artistique.

Section VII : Education intellectuelle et morale :  Les bibliothèques publiques et salles de lecture – Universités populaires – Cercles de conférences, Extensions universitaires – Associations post-scolaires – Causeries d’économie sociale – Education familiale – Voyages et Excursions. Le cinéma éducatif et moralisateur / La Maison de Tous.

Discours PROGRAMME prononcé par Monsieur Paul PASTUR, Député permanent dans la séance d’inauguration de la Commission provinciale des Loisirs de l’Ouvrier du 4 mai 1919


Pour en savoir plus nous vous invitons à parcourir le livre « 1919-2019. Cents ans d’épopée culturelle en Province de Hainaut »

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