Ballodrome – balloter – pelotari ?

Savez-vous ce qui se cache derrière ces mots aux accents cocasses ?

Il s’agit ni plus, ni moins d’une formidable épopée qui nous projette du moyen-âge pour nous propulser ensuite, au gré d’un voyage familier, vers l’époque contemporaine. Ces mots gravitent tous autour de la même histoire : celle de la balle pelote, déclinaison du jeu de paume, que l’on pratique dans notre pays depuis des temps très reculés. Si aujourd’hui le monde ballant donne parfois l’impression d’être en jachère, après avoir connu ses heures de gloire aux 19ème et 20ème siècles, c’est pour mieux refleurir, revigoré par la jeune création.

Pour s’en convaincre, il suffit de s’intéresser au projet porté par Andy Simon, qui est un des 16 lauréats de la toute première Bourse provinciale aux artistes.

Photographe talentueux et résident permanent au Musée Royal de Mariemont, il a rejoint l’équipe de cette vénérable institution depuis août 2020 pour en éperonner la communication par l’image. En tant que photographe du musée, il s’occupe notamment de la création visuelle pour les publications et des reproductions photographiques d’objets d’arts. Outre ses compétences artistiques et techniques, il possède une autre corde à son arc ou plutôt une autre  « pelote sur la paume« , car il pratique et promeut ce sport autrefois populaire et aujourd’hui un peu désuet qu’est la balle pelote. De cette passion originale est née une intention de dresser un inventaire photographique des traces des ballodromes, autrement dit des terrains de balle pelote, qui jalonnent encore notre territoire.

Initialement, son propos devait se concrétiser par une publication associée à une exposition abordant l’histoire de ce sport en Wallonie Picarde. Son idée s’est tant nourrie au gré de rencontres et de discussions passionnées, qu’elle a pris une remarquable orientation, aiguillonnée par l’équipe de la Maison culturelle d’Ath. L’intention initiale s’est muée en un programme plus riche intégrant un axe sportif et participatif, voire philosophique.

« Avec ce projet, nous souhaitons créer de vrais ponts entre le sport et la culture contemporaine, le patrimoine et la jeunesse, ainsi qu’entre les villes et les territoires ruraux Wallons. En ce sens, il s’agit de convoquer un public aussi large qu’hétéroclite (écoles, joueurs de balle pelote, écoles d’arts) et favoriser l’échange entre ces milieux par le biais d’évènements participatifs ». Andy Simon

Au départ, il y avait des questions…

Comment un sport si populaire il y a quelques décennies, ayant tant marqué le territoire de son emprunte en parsemant le sol de ses lignes de marquage, a-t-il accédé statut de « jeu démodé » ?

Qui se souvient encore des luttes animées qui se livraient au coeur de presque tous nos villages ?

Pourquoi les traces des terrains s’effacent-elles irrémédiablement de notre environnement, au gré des remaniements urbanistiques de nos cités ?

Est-il inexorable que le langage lexical et les règles du jeu tendent à se dissiper peu à peu.

Car c’est un pan important de notre histoire qui se détache et notre mémoire collective qui s’en trouve affaiblie.

De manière très méthodique, Andy Simon a entrepris un travail de recensement, d’étude, de documentation, en vue de pouvoir conserver les témoignages liés à la pratique de la balle pelote. Associé aux travaux menés par Benoît Goffin et Sarah Mwadia-Mvita, cet inventaire photographique cartographié complète remarquablement les collections conservées au Musée National des jeux de paume (Ath) et la collecte d’ethno-témoignages. C’est un précieux outil scientifique mais qui possède également une valeur artistique de par le regard porté par le photographe sur ce sport.

Pour tous les protagonistes du projet, il ne s’agit pas simplement de conserver cette histoire, comme un artefact dans un musée, l’ambition est de faire vivre cette pratique, de lui offrir une « mise à jour » en quelque sorte, pour qu’elle soit en adéquation avec les questionnements actuels, qu’elle se diffuse à nouveau, tout en gardant ses spécificités. Et pour ce faire, un axe original à la croisée du sport et de l’art, proposant une confrontation de la balle pelote avec le regard de créateurs s’est naturellement imposée. Il est proposé à six plasticiens ( 5 + Andy) de s’interroger sur l’évolution urbanistique de nos sociétés et sur la place accordée aux pratiques sportives dans l’espace public.

 

Toute cette dynamique est enclenchée sur le territoire athois avec le soutien de sa Maison Culturelle. Les recherches des artistes, en lien avec la thématique de la balle pelote, seront bientôt le prétexte à des rencontres avec le monde ballant (riverains, joueurs, etc) et les habitants, à l’occasion de workshops. Les artistes seront hébergés au Centre des Arts de la rue et les résidences de création se dérouleront du 19 juillet au 14 août 2022. La restitution des travaux se fera lors d’une exposition collective, qui se tiendra au Palace (Ath) du 7 septembre au 19 novembre 2022.

Grâce à la Bourse provinciale, une première édition a déjà pu être élaborée.

Livrant toutes les clés de compréhension de la balle pelote, elle présente la problématique soulevée par le projet ainsi qu’un bref historique, un lexique, une cartographie, une bibliographie, des témoignages et visuels. Les intentions des artistes invités que sont Théo Hanosset, Marianne Dupain, Léo Gillet, le duo Samuel Cordat et Aliocha Tazi et évidemment Andy Simon y sont également développées. La publication au graphisme très soigné est conçue comme une invitation accrocheuse destinée à attirer les citoyens athois à rejoindre le projet « Ballodromes ».

120 ans après la création de la première fédération de balle pelote, de nombreuses activités et animations seront organisées dans le sillage du projet. Tous chemineront vers un point d’orgue : le «  8 de septembre », appellation donnée au Grand Prix de Balle Pelote organisé depuis plus de 70 ans par la Ville d’Ath. Il s’agit d’un événement qui réunit chaque année les quatre meilleures équipes du pays et reste, aujourd’hui encore, l’un des plus prestigieux. Il attire d’ailleurs plusieurs centaines de spectateurs autour du ballodrome.

(Reportage de Notélé sur Le 8 de Septembre)

Il est réjouissant de se rendre compte que le coup de pouce apporté par la Province de Hainaut, combiné à l’énergie et la motivation d’Andy Simon et à l’accompagnement précieux de la Maison culturelle, donneront lieu à une formidable manifestation artistique, participative, sportive, éducative.

Un programme qui s’inscrit parfaitement dans l’ADN de notre Institution, dont le leitmotiv est et restera : la culture pour tous, par tous et avec tous.

Si vous souhaitez vous plonger au coeur de la publication, elle est disponible ici en téléchargement : Résidence_web 😁

Envie de poursuivre votre approche de la balle pelote en attendant de pouvoir vivre cet événement, surfez sur les sites  :

Fédération nationale des Jeux de paume

Fédération des Jeux de paume Wallonie Bruxelles

 

Pour en savoir plus sur les artistes associés au projet Ballodromes, suivez-les sur Instagram

@MARIANNEDUPAIN

@ANDYSIMONSTUDIO

@THEOHANOSSET

@ALLOCHAMO

@LELEGILLET

 

Toutes les illustrations de cet article sont issues de la plaquette conçue par Andy Simon, (c) Andy Simon.

 

 

 

Daisy Vansteene, Chargée de communication pour Hainaut Culture

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