Quand les artistes sont invités en classe

20/05/2021

L’artiste à la classe est l’un des programmes mis en place par notre Secteur des Arts Plastiques dans le cadre de sa mission publique d’éducation permanente et de sensibilisation à l’art du jeune public. Ce magnifique projet a vu le jour en 2013 et invite les élèves à nouer un dialogue avec une oeuvre d’art actuel et le plasticien qui l’a conçue.

Laurence Gonry, Olivier Sonck, Laurent Molet, Jérôme Considérant, Priscilla Beccari, Thierry Lenoir, Michel Jamsin, entre autres, figurent parmi les plasticiens dont les oeuvres ont été sélectionnées pour le projet. Une liste de 70 oeuvres établie par nos collègues et qui sont issues de la collection de la Province de Hainaut (riche de plus de 7.500 pièces). Une sélection qui s’est opérée sur base de la résonance de ces travaux avec le monde auquel sont confrontés les jeunes citoyens.

« On propose d’abord aux enseignants qui désirent participer au projet de prendre contact avec nous, en vue de définir ensemble un cadre de travail » précise Maryse Lechien, la cheville ouvrière du projet qui sillonne les écoles de la province depuis plusieurs années, en compagnie de Gregory Vandierendonck, le technicien qui l’aide pour les transports d’oeuvres et accrochages.

« Il est nécessaire aux enseignants qui veulent vivre cette rencontre, de s’engager dans un processus qui s’étalera sur plusieurs mois, cela représente un investissement, il faut une certaine organisation, mais généralement les profs sont enchantés et les élèves plus encore ! »

 

Les contacts se font dès la rentrée scolaire, lorsque les candidatures parviennent chez Maryse qui entreprend alors des échanges privilégiés avec les enseignants. « Ce sont aussi bien des profs d’art plastique, que de français, ou d’autres matières, le projet peut être transposé de multiples manières, nous soumettons alors la liste des oeuvres aux enseignants qui font une présélection et la soumettent à leurs élèves. » Généralement le choix de l’œuvre par la classe est ensuite un choix collectif, porté par tous les élèves, afin de garantir la plus grande adhésion du groupe et de stimuler les questionnements.

Maryse et Greg viennent ensuite en classe, font connaissance avec les jeunes, et entreprennent, avec leur aide, l’accrochage de l’oeuvre. « On a en amont déterminé un lieu, on leur explique quelles sont les contraintes, comment on manipule une oeuvre et comment on en prend soin, ce sont eux qui installent la pièce avec notre aide, toutes les oeuvres sont bien évidemment assurées et elles resteront dans la classe pendant la durée du projet. Une convention est signée afin de responsabiliser chacun à la conservation de la pièce » souligne Maryse.

Une nouvelle rencontre est organisée plus tard, et munie d’une malette pédagogique conçue avec l’aide du Centre de la Gravure et de l’Image Imprimée, Maryse lance un atelier avec les enfants autour de la notion parfois un peu « inquiétante » d’art actuel ou d’art contemporain. Tout cela est apporté de manière très ludique et imagée, et vise à éveiller la sensibilité des enfants, à leur proposer de nouer un dialogue ayant pour prétexte l’art. C’est un projet qui renforce la cohésion du groupe et tente d’éveiller la curiosité des participants.

Cette année est évidemment très particulière en raison de la crise du COVID. « On est tellement heureux de pouvoir retourner enfin dans les classes, sur le terrain et on voit aussi que les jeunes sont très en demande ! Cette année a été sensiblement pénible pour beaucoup d’entre eux, privés d’animations, de voyages pédagogiques, de visites scolaires, ils nous accueillent avec énormément d’enthousiasme, et cela nous motive d’autant plus à poursuivre le programme ! » confie Maryse. « En ce moment, on multiplie les rencontres sur le terrain. C’est un peu le point d’orgue du projet, la dernière étape : la rencontre avec l’auteur de l’œuvre exposée en classe ». 

Durant cette journée, nous avons accompagné l’équipe pour deux rendez-vous avec des plasticiens, dans deux classes de quatrième secondaire, l’une située à Saint Ghislain et l’autre à Manage.

Dès 8h30, Jérôme Considérant qui a fait la route depuis Charleroi est présent dans le hall d’accueil des ETH. Greg et Maryse installent le dispositif qui lui permettra de présenter son travail et son parcours à la classe. C’est la première fois que Jérôme intervient de la manière et immédiatement, les élèves sont attentifs et curieux lorsqu’il leur présente une infime partie de sa production prolifique ! L’univers de Jérôme est très graphique, son travail se base sur la simplification extrême des formes et possède une nature assez obsessionnelle. La pièce qui trône à côté du grand tableau noir apporte beaucoup de légèreté à l’installation. « Il s’agit d’une réinterprétation de la Naissance de Vénus de Boticcelli, simplifiée et imprimée sur un panneau métallique semblable aux panneaux d’indication que l’on retrouve dans notre environnement quotidien, c’est un peu par cela que j’ai commencé, les détournements d’oeuvres célèbres pour les recomposer sous formes de logos » explique Jérôme Considérant. D’emblée, ce qui semble plaire au groupe, ce sont le côté engagé et aussi le profond sens de l’humour de Jérôme.

 

 

Les questions se font attendre un court instant puis elles fusent et tout se déroule de manière simple et très conviviale. Conseils, propositions, interrogations pertinentes et impertinentes se succèdent et finalement l’heure de cours s’écoule très rapidement, non sans un dernier échange de coordonnées et une demande de photo avec Jérôme qui se prête au jeu avec beaucoup de gentillesse. Maryse remercie Jérôme qui n’avait pas encore participé au projet précédemment, et qui semble lui aussi satisfait de la manière dont la rencontre s’est déroulée. Il est partant pour d’autres rendez-vous du genre !

 

 

 

 

Changement de décor et de formes dans l’après-midi, Maryse et Greg accueillent Sébastien Laurent sur le parking de l’Institut Sainte Thérèse à Manage. L’oeuvre choisie par la classe est également basée sur le détournement puisqu’il s’agit d’une grande carte de l’Europe, comme celle que l’on retrouve en cours de géographie habituellement.  »

L’idée à la base de ce travail est de dénoncer les préjugés et de montrer que nous sommes tous porteurs ou vecteurs de stéréotypes », signale Sébastien. « Les Anglais appellent les Français les bouffeurs de grenouilles, ce qui est très choquant pour eux, mais les français de leur côté nomment parfois les Anglais – les Rosbifs… ce qui n’est pas moins méchant ! » explique Sébastien Laurent.

 

« Mon souhait en utilisant le concept de carte était de détourner cet objet qui selon moi est la quintessence de l’objectivité en renommant toutes les zones par les stéréotypes charriés par les discours haineux qui nous inondent. Tout ceci afin de démontrer que les préjugés, c’est une vision déformée du monde, vu d’en bas. ». 

 

 

 

 

 

Les élèves sont attentifs, Sébastien fait défiler une série de travaux qu’il a conçus depuis l’athénée, lorsqu’il avait plus ou moins leur âge. Il nourrit ses propos de témoignages liés à sa propre expérience : « Savez-vous comment j’appellerais les Wallons sur la carte si je devais la refaire aujourd’hui ? »  (car c’est une pièce qui date de 2011)… « les pédophiles » annonce Sébastien, en évoquant l’un de ses amis qui lors d’un séjour au Canada a obtenu un visa de travail qui mentionnait qu’il n’était pas autorisé à travailler avec des enfants… en raison de sa provenance de Belgique, on prenait certaines précautions ! Une fois encore, l’heure de cours file rapidement et on se remercie chaleureusement.

 

 

Sébastien et Jérôme ont donné un peu de leur temps pour partager leur expérience, leur vision du monde, leurs angoisses aussi. Nous avons beaucoup de chance de pouvoir compter sur l’énergie et l’engagement de ces plasticiens, qui chaque année franchissent le seuil des écoles, et emmènent avec eux un peu de fantaisie, des questionnements, une esthétique, etc. Bref toutes les choses qui ne s’apprennent pas forcément à l’école et qui aideront les plus jeunes à devenir des citoyens ouverts, impliqués et curieux.

Si vous souhaitez suivre régulièrement les rencontres organisées dans le cadre de l’artiste à la classe, rendez-vous sur le groupe Facebook  ou sur le site l’artiste à la classe.

Amis enseignants, n’hésitez-pas à contacter notre animatrice Maryse Lechien (maryse.lechien@gmail.com), elle répondra à vos questions, et vous accueillera si vous le souhaitez afin d’évaluer comment mettre en oeuvre ce programme au sein de votre classe.

Vous pouvez consulter le dossier du projet ici : Dossier Artiste à la classe

 

 

 

 

Daisy Vansteene, Chargée de communication pour Hainaut Culture

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