La Maison Losseau ondule au rythme des illustrations de Samuel Dionkre

La rentrée pointe doucement le bout de son nez, mais avant de reprendre le rythme scolaire, nos collègues ont encore de beaux moments estivaux à vous faire vivre !

Poursuivons notre découverte des services culturels de la Province au travers leur programmation cet été, avec cette fois : la Maison Losseau.

Un écrin étonnant 

Ancien hôtel particulier situé à Mons, la Maison Losseau a fait l’objet d’un important programme de restauration car elle est tout-à-fait exceptionnelle.

Si cet immeuble présente des pièces décorées dans divers styles, chaque salle constituant un ensemble cohérent, le dernier propriétaire de la maison, Léon Losseau, affectionnait particulièrement l’Art Nouveau. Il a fait décorer plusieurs pièces de son habitation au début du XXème siècle en s’inspirant de l’école de Nancy : son bureau offre de somptueux décors de chardons tandis que son grand salon est rehaussé de fleurs d’orchidées.

La personnalité de Losseau, avocat et bibliophile, a profondément marqué le visage de son logis. Possédant une exceptionnelle bibliothèque qu’il a pris soin d’enrichir et faire décorer, ses milliers de livres sont toujours installés sur leurs étagères aujourd’hui. Ayant probablement beaucoup réfléchi à sa postérité, cet érudit a de son vivant été très attentif au classement de ses papiers personnels. Ceux-ci constituent un formidable fonds d’archives qui permet de documenter la vie quotidienne du grand bourgeois né à la fin du dix-neuvième siècle et décédé à un âge avancé au terme d’une vie bien remplie.

La maison de Léon Losseau abrite depuis quelques années le Secteur Littérature de la Province, piloté par Françoise Delmez.

« Notre mission est de promouvoir les auteurs hainuyers, quels que soient leur champ d’investigation et le genre qu’ils privilégient (roman, essai, nouvelle, poème, livre pour l’enfance et la jeunesse, etc). Les publics auxquels nous nous adressons sont nombreux : créateurs, lecteurs, écrivants, écrivains, étudiants, … Nos moyens sont divers, eux aussi : publications, rencontres, lectures, récitals, expositions, scènes ouvertes durant l’été lors de la Guinguette Littéraire, etc. »

Pour accomplir cette tâche, une équipe de près d’une quinzaine de personnes s’active sur le site. C’est l’effervescence en ce moment, car tous s’apprêtent à animer la reprise de la Guinguette littéraire, l’inauguration d’une exposition de Samuel Dionkre, l’accueil des performances de Igor Adamskiy, et le cycle des visites guidées qui s’enchaîneront dès le 17 août !

Rencontre avec Gib Lebon

Nous avons rencontré Gib Lebon, alias Samuel Dionkre, qui expose du 17 août au 2 octobre aux cimaises de la Maison Losseau. Celui-ci a aimablement accepté de se livrer au jeu de nos questions et nous l’en remercions !

  • Bonjour Samuel, précisons d’emblée que tu seras présent le 21 août prochain sur le site durant la Guinguette afin d’échanger avec les visiteurs qui découvriront ton exposition. Peux-tu s’il te plait nous éclairer, sur l’origine de ton drôle de nom d’artiste ?

Mon nom « Gib Lebon » vient du singe aux grands bras, le gibbon. Un ami dans le supérieur m’appelait comme ça pour m’énerver, au vu de mes bras qui ne restent jamais inoccupés, et j’ai fini par me l’approprier. J’ai scindé « le gibbon » en « Gib Lebon » suite à ma découverte d’un autre dessinateur s’appelant Gibbons. Maintenant on m’appelle parfois Mr Lebon, ne comprenant pas que c’est un tout, mais ça m’amuse aussi.

  • Peux-tu retracer ton parcours artistique ?

Autant que je me souvienne, j’ai toujours dessiné, pour moi le cheminement a commencé en maternelle, lorsque j’ai gagné un concours de dessin soutenu par Jacques Vandewattyne dit Watkyne, peintre et conteur d’Ellezelles dont je suis originaire. Cet événement m’a par la suite orienté vers le dessin de créatures monstrueuses en classes primaires. Après les secondaires, j’ai naturellement poursuivi mes études aux Beaux-Arts de Tournai où j’ai choisi la bande dessinée ayant Antonio Cossu et Hyuna Kang pour professeurs. C’est sous leur aile que j’ai pu m’entraîner sur de petites histoires étranges en BD me menant à participer activement au fanzine Atelier 24 qui m’a mené sur le chemin des festivals BD. Ensuite, j’ai développé un pan plus illustratif, avec les anthropomorphes et des linogravures grotesques entre autres, pour expérimenter des univers variés…

 

  • Parmi les œuvres que tu présentes à la Maison Losseau, tu sembles obsédé par les personnages anthropomorphes, comment expliques-tu cela ?

Je ne peux pas affirmer que je suis spécialement obsédé par les animaux anthropomorphes, je n’en avais d’ailleurs plus dessiné depuis quelques années. Je dirais plutôt que je suis obsédé par l’étrange, les détails cachés, glissés dans les recoins et qui ne seront découverts que par les plus attentifs ou curieux. Par contre je suis assez cyclique, je peux produire des gravures jusqu’à l’indigestion, puis des anthropomorphes, puis quelques fanzines…et ainsi de suite.

  • Il semble que l’Art Nouveau t’inspire particulièrement ?

Ce que j’aime dans l’Art Nouveau, ce sont les liens aux courbes de la nature, l’impression que les bâtiments purement Art Nouveau semblent parfois être un bloc immuable, vivant et vieillissant comme les éléments naturels qui les composent. J’aime aussi tous les détails qui apparaissent dans l’Art Nouveau, comme dans les œuvres que je livre au public : j’aime faire fouiller le spectateur tout comme j’aime rester longtemps devant un motif pour voir ce qu’il peut livrer.

  • Comment as-tu découvert ce courant artistique ?

Je pense que j’ai d’abord dû découvrir Mucha et Klimt. Mes souvenirs sont vagues, ce fût sans doute grâce aux cours d’histoire de l’art et ensuite grâce aux bibliothèques de mes parents puis à mes propres recherches. Par contre je me souviens parfaitement de la première fois où j’ai pu participer à la biennale Art Nouveau/Art Déco de Bruxelles, qui fut un vrai moment de plénitude pour moi !

  • Est-ce que tu consacres beaucoup de temps au dessin au quotidien ?

Mon temps de travail au dessin s’est réduit dernièrement, suite à un changement dans ma vie à la fin de l’année… Je suis devenu animateur au Centre Culturel de Haute Sambre et j’apprends encore à moduler mon temps pour dessiner. Idéalement, je peux passer entre 5h et bien plus à dessiner, ne voyant souvent pas le temps passer une fois lancé.

  • Par quel cheminement es-tu arrivé à la Maison Losseau avec cette expo?

J’ai pu me présenter à l’équipe de la Maison grâce à mon ancien professeur, Antonio Cossu, lors de la Nuit des Musées de 2018. Je venais de dessiner mes premiers anthropomorphes et, découvrant les lieux, j’ai eu l’audace de demander à les revisiter pour continuer ce travail. Les rouages se sont alors mis en action et en automne dernier, j’ai réalisé des brouillons de compositions avant de me lancer dans les dessins que je n’ai pas pu m’empêcher de remplir de détails. J’ai progressivement réalisé douze dessins en sélectionnant des pièces de la Maison Losseau.

  • Puisque tu as notamment dressé le portrait de Léon et Hermeline, est-ce que tu t’es documenté à leur sujet… que penses-tu de Léon Losseau ?

J’ai été amusé d’apprendre que Léon Losseau est né à Thuin où je travaille depuis peu. Je me suis finalement plus renseigné sur les lieux que sur les résidents, le prétexte ayant été le décor plus que Léon. C’est d’ailleurs Madame Françoise Delmez (Directrice de la Maison Losseau) qui a choisi l’animal qui incarnerait Léon car je lui avais dit à l’époque que je n’en prendrais pas la responsabilité. Elle m’a suggéré de travailler autour du morse.

  • Est-ce que tu penses que Léon aurait apprécié ton travail ?

Honnêtement, je ne sais pas ! Mais j’ai le sentiment néanmoins qu’étant un homme à l’air curieux et franc, nous aurions pu débattre lui et moi sur mes interprétations, quelles lui plaisent ou non.

 

  • Est-ce qu’il y a une pièce ou un élément que tu apprécies particulièrement dans la Maison Losseau ?

Oh lala c’est très compliqué de choisir ! Homme de livres moi-même, je ne peux pas renier que j’aime beaucoup son bureau-bibliothèque, bien que nous n’ayons pas les mêmes lectures. Le salon est aussi un lieu où à chaque passage, de nouvelles découvertes nous attendent, ce qui m’attire forcément.

 

  • Quel est ton artiste préféré ?

Oh je ne pourrais pas choisir non plus, surtout parce que je change de préférence selon mon cycle intérieur… mais je peux citer quelques noms qui me restent plutôt récurrents comme les romans de Terry Pratchett pour son regard et son humour, Takato Yamamoto pour ses illustrations douces et dérangeantes à la fois, Jeremy Bastian et son Alice au pays de pirates, François Desprez mon maître d’outre-tombe pour le grotesque médiéval ou JJ Grandville dont j’ai découvert les anthropomorphes alors que je m’étais déjà lancé dans ces dessins, Mike Mignola pour sa mythologie, Ben Templesmith pour son irrévérence et son dessin défoulé, Mathieu Bablet et ses sagas analysant l’humain, Daisuke Igarashi, Karine Bernadou ou Taiyou Matsumoto pour leurs poésies respectives… Pour moi ce sont tous de « grands » noms qui méritent d’être découverts !

 

  • Est-ce que tu as des coups de cœur culturels à nous soumettre ou des rendez-vous que tu ne voudrais manquer pour rien au monde dans les prochaines semaines ?

Disons que je suis assez casanier et malheureusement pas assez « à jour » en matière d’agenda… réagissant plus sur l’instant à l’impro pour sortir. Mais de manière générale, j’aime beaucoup les Mercredis du Fanzine au Bunker chez l’Empereur Patrice, à Bruxelles (rue des Plantes). C’est pour moi un puits de curiosités, tout comme les Vitrines fraîches tournaisiennes qui me manquent depuis que je n’habite plus par-là.

On remercie vivement Samuel et on lui souhaite plein succès pour son exposition!

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Une Guinguette qui redémarre ! 

 

On vous l’a dit, durant cette dernière quinzaine d’août, pas mal de choses sont prévues à la Maison Losseau.

Pour connaître le programme de chaque jour de Guinguette, il vous suffit de cliquer sur les liens suivants :

 

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INFOS PRATIQUES

MAISON LOSSEAU
Rue de Nimy 39/41

7000 Mons

T: 065.39.88.80

 

 

Daisy Vansteene, Chargée de communication pour Hainaut Culture

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