Durant tout l’été, le BPS22 nous propose comme à son habitude plusieurs expositions. Ces propositions très différentes font dialoguer des visions du monde contrastées, jusqu’au 12 septembre 2021, mais elles méritent assurément toutes le détour !
ELNINO76, Jolly Roger
Le « niňo » (gamin), a vu le jour en 1976 à Charleroi et en ce moment il part à l’abordage du BPS22 muni de son étendard Joly Roger qu’il décline de multiples manières dans une exposition solo. La tête de mort est l’un des fétiches du street-artiste qui déploie sur deux étages un ensemble de créations où le symbole de la piraterie apparait continuellement.
Le crâne est une image qu’ELNINO76 exploite de manière assez répétitive comme pour se convaincre d’une urgence : carpe diem, avant de finir englouti. Les têtes de squelette sont exploitées de manière actuelle et colorée mais gardent une signification symbolique de la tradition lointaine du memento mori. Le grapheur décline le thème des vanités à l’infini, dans des formes tantôt simples, tantôt démesurées, comme la porte par laquelle nous sommes conviés à pénétrer pour découvrir l’exposition et qui nous ramène un peu en enfance en semblant évoquer le célèbre château d’un animé des années 80 dans lequel s’affrontaient les maîtres de l’univers… le parcours foisonne de clins d’œils à des figures qui ont sans doute baigné l’enfance de l’artiste, elles y sont omniprésentes, détournées, amusantes ou cyniques…
La plupart des oeuvres présentées dans cette première grande exposition consacrée à ELNINO76 sont de nouvelles créations, mais si vous souhaitez voir des pièces plus anciennes, installées sur le territoire carrolo ou vous initier au graphe, on vous invite aussi à prendre contact avec INDIGEN AGENCY qui développe des activités visant à promouvoir la culture du street art.
Lettres de misarchie, Charleroi-Chicoutimi
Lettre de misarchie s’inscrit dans la continuité des expositions Horizon et Espace Texte Matière qui furent présentées en 2019 et 2020 au BANG, Centre d’art actuel (Chicoutimi, Saguenay-Lac-Saint-Jean). Toutes deux montraient le fruit des travaux menés par des artistes belges et québécois.
Ces restitutions sont la moisson de résidences croisées, suite à un partenariat entre le BPS22 et BANG, sous l’égide du CALQ (Conseil des arts et des lettres du Québec). Pendant trois ans, chaque année, un artiste belge francophone a été accueilli pour une recherche artistique à BANG (deux mois) ; tandis qu’un artiste québécois était invité à résider à Charleroi, dans un même but.
Sans que cela ait été fixé au départ, il est apparu que la plupart des propositions émanant des artistes ayant participé à ce premier cycle, semblait nourrir le souhait ou le fantasme d’un autre ailleurs, d’un monde imaginaire.
« Davantage qu’une exposition réunissant des participants à un cycle de résidences entre Charleroi et Chicoutimi, Lettres de misarchie rassemble des œuvres animées par des préoccupations communes », précise Pierre-Olivier Rollin, Commissaire de l’exposition.
Le titre de l’exposition, Lettres de misarchie. Charleroi-Chicoutimi, évoque deux ouvrages littéraires. D’abord, les Lettres persanes, roman épistolaire de Montesquieu, racontant les observations de deux voyageurs persans en Europe (1721). Sous couvert de lettres fictives, l’auteur y développe une critique de la société occidentale, vue par les yeux de ces voyageurs inventés. Ensuite, Voyage en misarchie d’Emmanuel Dockès (2017) qui, sous la forme du témoignage d’un voyageur égaré dans une contrée imaginaire, livre le détail d’un pays dont le régime politique est la misarchie, un néologisme formé par l’auteur à partir du grec « misos » (la haine) et « archos » (le pouvoir). Entre ces deux livres s’étendent les possibilités de mondes imaginaires, tels que développés par les artistes qui, chacun à leur manière, par des biais qui leur sont propres, posent de nouvelles possibilités de re-construire le monde.
Les artistes exposés au BPS22 sont Julien BOILY, Philippe BRAQUENIER, Cindy DUMAIS, Sara LÉTOURNEAU, Maxence MATHIEU, Marie-Andrée PELLERIN, Hélène PETITE, Mathieu VALADE.
Egalement invité, le Québécois Denys Tremblay (1951, Chicoutimi), installé au Saguenay, a été associé au projet.
Un commentaire pour chacune des oeuvres est proposé via un guide virtuel auquel tous les visiteurs accèdent gratuitement depuis leur smartphone, en se connectant au WIFI du musée.
Soulignons qu’au terme de ce premier cycle de 3 ans, l’enthousiasme des artistes et des différents partenaires impliqués a incité les protagonistes à prolonger l’expérience, mais sur un cycle de quatre ans (2020-2023) cette fois. En 2021, afin de rattraper le retard causé par la pandémie, deux résidences croisées seront organisées pour Magali Baribeau-Marchand (1984, Alma) et Pauline Debrichy (1989, Sambreville).
Mail ART Merci Facteur #3
Pour la troisième exposition de son cycle consacré au Mail art en Belgique francophone, le BPS22 associe deux artistes de générations différentes : Metallic Avau (Bruxelles, 1945) et Ben Tripe (Charleroi, 1963). Deux artistes qui témoignent d’orientations esthétiques différentes, propres à leurs époques.
En parallèle à cette exposition, « Et si le facteur passait chez vous…?! » se poursuit également au sein du Petit Musée jusqu’au 9 janvier 2022 et présente les créations d’un ensemble d’enfants ayant participé à un cycle d’animations à distance, initié par le BPS22 durant le confinement.
Eté Carbone, la colonie de vacances
Créé en 2016, par Corinne Clarysse et Nicolas Belayew du collectif 6001 is the new 1060, en collaboration avec le BPS22 et Le Vecteur, le festival Papier Carbone a pour objectif de faire découvrir, à travers un salon et divers évènements, des artistes, éditeurs et collectifs qui travaillent l’image imprimée et la micro-édition. Empêché pour la seconde année consécutive, Papier Carbone se réinvente et devient Été Carbone, une exposition au BPS22.
Répondant à la carte blanche proposée par le musée, l’équipe du festival a choisi d’inviter quatre collectifs belges et français qui emploient et approchent l’image imprimée avec des points de vue particuliers, poétiques, politiques ou décalés.
Les membres du Marché Noir présentent une sélection d’œuvres offrant un aperçu des recherches, démarches, propos et univers plastiques des différents artistes constituant ce collectif.
Silex Éditions (Rabastens, FR)
Le duo d’artistes développe un travail à quatre mains. Leurs images, issues de l’inconscient, des mondes invisibles et des mythologies personnelles évoquent un style pop et naïf à la fois.
Occupant la mezzanine du BPS22, leur installation in situ La gare des étoiles est une salle d’attente qui permet aux voyageureuses férues de tourisme interplanétaire de patienter en attendant d’embarquer dans la navette qui les conduira sur la planète de leur choix !
Team Grafik (Bruxelles-Anvers)
La Grande Bouffe est une installation-hommage au plaisir hédoniste et à notre relation à la nourriture pendant la pandémie, avec des éditions rares et de qualité pour petits et grands.
A découvrir sur place également la Carolopostale et ses cartes postales touristiques détournées de Charleroi, qui offre à chaque visiteur l’occasion d’envoyer à ses proches un souvenir de la métropole post-industrielle !
En marge de l’exposition différentes activités sont proposées au Vecteur.
LE MAXI KIOSQUE
Une librairie estivale qui donne la part belle à la micro-édition. Le V2 accueille fanzines et livres d’artistes venus d’un peu partout…. mais offre aussi la possibilité de revoir les épisodes de Tévé Carbone, d’écouter de passionnants podcasts qui parlent de micro-édition.
MEMORIA DEL CARBONE
Durant sa résidence au Vecteur, Camille Carbonaro fouille, compose, explore et construit les histoires liées à l’immigration Italienne à Charleroi. En fabriquant et en composant des objets-mémoire, elle interroge l’enracinement des souvenirs et du passé dans les objets et l’importance du devoir de mémoire et de transmission. Camille confectionne des constellations de récits dans la matière en utilisant des archives et documents issus des Archives de Charleroi, du Bois du Cazier et divers matériaux trouvés dans la ville. Le 21 août marquera la fin d’une édition estivale inédite du festival Papier Carbone. Pour l’occasion, les expositions seront ouvertes de 14h à 20h au Vecteur et une soirée concerts est programmée !
Daisy Vansteene, Chargée de communication pour Hainaut Culture