C’est pour notre plus grand bonheur que le MILL renoue avec la sculpture en présentant jusqu’au 14 mai prochain l’exposition « Willy Anthoons, l’esprit de la matière« .
Un artiste peu connu, à la production pourtant riche et dense, qui a retenu l’attention de Benoît Goffin, pour la grande qualité de son travail et les liens nombreux qu’il a entretenus avec le territoire louviérois et ses artistes. Une narration passionnante qui met à l’honneur le sculpteur grâce à de nombreux témoignages et archives proposés par Marcel Daloze. Historien et historien d’art, ce dernier est co-commissaire de l’exposition et a fondé et animé pendant plus de vingt ans le Centre d’Art Nicolas de Staël (Braine-l’Alleud). Il est également conservateur du Musée Marthe Donas à Ittre.
Au rez-de-chaussée, Willy Anthoons nous accueille en quelque sorte, par le truchement de plusieurs pièces dont il est l’auteur et qui dialoguent avec le œuvres d’Idel Ianchelevici. Une présentation surprenante, qui souligne la rencontre entre les deux artistes qui se déroula à La Louvière en 1946, à l’occasion d’une exposition collective. Il en est question plus loin dans le parcours proposé aux visiteurs.
Les différentes séquences qui rythment l’exposition nous offrent une description détaillée de la vie de l’artiste dont la grande maîtrise est liée à un cursus artistique pointu. Il fréquenta notamment l’atelier d‘Oscar Jespers au sein de l’Institut supérieur des Arts décoratifs (La Cambre). Vous croiserez dans ces différentes salles une très belle et variée sélection de travaux exécutés par Anthoons. Ceux -ci montrent parfaitement l’évolution du geste du sculpteur, modelé par ses rencontres et sa poésie. Aux premières pièces d’un grand classicisme succèdent des créations ambitieuses et non-figuratives.
Au gré de la visite, on est surpris par l’incroyable force de travail d’Anthoons, qui expose de manière très régulière aux côtés des plus grands noms : Pol Bury, Jan Arp, Fernand Léger, pour ne citer qu’eux. Malgré une production prolixe, un soutien de grands critiques d’art et de galeristes, la reconnaissance de son œuvre et les commandes resteront incompréhensiblement limitées et l’artiste sombrera un peu, il faut l’avouer, dans l’oubli… En fin de trajectoire, on reste ému face aux derniers objets sculptés qui portent les stigmates de la maladie invalidante venue frapper l’artiste dans la dernière partie de sa vie.
On remercie vivement le Mill d’avoir rassemblé autant de témoignages de l’incroyable pouvoir créatif de Willy Anthoons. Ce stakhanoviste de l’art nous laisse aujourd’hui des sculptures aux formes et matières variées, parfois même des poèmes-objets (comme les tables parlantes d’Emile Gallé), des papiers déchirés et collés, des mobiles métalliques aux intrigantes ombres portées, et également des esquisses d’œuvres sculptées, qui sont de petits bijoux à elles seules.
Petite cerise sur la gâteau, pour prolonger l’année qui commémore l’anniversaire de la naissance de Pol Bury, le Mill qui conserve la Collection d’œuvres de la Ville de La Louvière, vient de faire l’acquisition d’une peinture de Pol Bury. Elle est ici dévoilée, au sein de la séquence consacrée à l’exposition de la Jeune Peinture belge dont Anthoons était également membre, qui se déroula à la Maison des Loisirs à La Louvière (premier siège des services culturels de la Province !).
Soulignons encore que la visite est enrichie par un remarquable petit carnet du visiteur, complet et gratuit.
Pour qui souhaite approfondir le dialogue avec Anthoons, nous l’invitons à se plonger dans la recherche menée par Marcel Daloze et qui fait l’objet d’une monographie éponyme à l’exposition. Elle vient de paraître aux Editions Galerie Philippe Samuel.
Des visites et activités seront programmées dans le sillage de l’exposition, pour toute information, rendez-vous sur le site internet du Mill ou suivez-le sur Facebook !
Une émission a été consacrée à l’exposition par Antenne Centre, vous pouvez la revoir en ligne ici.
Daisy Vansteene, Chargée de communication pour Hainaut Culture
